حضور نا تمام چشم هایت تمام لحظه هایم را گرفته

TW : sang, mort, mention de sacrifice et de cadavre.

01. née du désert, fille du soleil, elle avait dans sa peau les histoires et mythes racontés au creux de la nuit. sous son teint hâlé, des millions d'astres empruntés aux cieux s'imbibaient de lumière et de chaleur. elle était fille venue de rien, un miracle pour certains, une malédiction pour d'autres, lorsque, sortant à peine d'entre les cuisses de la jeune mère, elle réfléchit à tous sa descendance divine. 02. enfant d'une gamine de dix-sept ans, sans mariage et amant, recluse dans sa tente au milieu des montagnes, privée de famille et d'appartenance, elle avait été chassée de ses pairs lorsque sa grossesse ne pouvait plus être cachée. amère et innocente, dans cette douce colère adolescente, elle enveloppa le nourrisson d'un linge, le déposa dans un panier d'osier et le poussa sur les rives du Nil...espérant, égoïstement, quelque-part, que les vagues engloutiront la progéniture sacrée. la progéniture-abomination qui la voua à l'éternelle solitude jusqu'à son grand âge...sans jamais, oublier qu'il y avait, dans ce monde, non point sa fille mais celle revendiquée par râ. 03. suivant les rayons de son père, protégée des reptiles monstrueux et caprices des eaux, le cargo pleurant échoua dans les bras d'un marchant vêtu d'azur. surpris par l'abandon du nouveau-né, il la recueilli la couvant de lin aux multiples couleurs et l'emporta avec lui jusqu'au Niger...auprès des siens afin de leur faire découvrir le cadeau du Nil. des yeux d'émeraudes incrustés dans un corps de diamant, le nourrisson semblait resplendir dans les ténèbres, petite flamme rapidement apparenté à un ange, on chantait sa bénédiction la couvrant d'offrandes dès son plus jeune âge. météorite venant bénir la tribu, elle fut chérie durant dix années. 04. dix années où son existence s'empruntait de l'Aïr et de ses massifs impétueux...de la cruauté des dunes et le salut des oasis. dix années où sa langue se dompta des sons tamajeq et son oreille se tendit aux rebondissements des peaux de chèvres les jours de festivités. dix années où ses rires ricochaient contre les pierres et sa vie tournoyait dans les linges éclatants...seules ses tâches de rousseur l'apparentant à une lignée royale, céleste...seules ses tâches de rousseur s'illuminant faiblement lui rappelaient l'énigme de sa parenté. elle se nommait dana au milieu de son peuple. elle se nommait dana, perle précieuse, engendrée par l'eau. cependant, elle n'était pas l'une d'eux...pas sur ses terres, pas là où râ la souhaitait, et comme un terrible coup du sort, l'adolescence naissant dans son corps, dana qui fut une fois la bénédiction de sa famille, entraîna avec elle, l'odeur du chaos. 05. et lorsque la noirceur tombait, les démons sortaient des sables...glissant contre la chaleur des foyers, inspectant les visages et reniflant les parfums. le premier enfant, tout juste âgé de trois mois, fut saccagé, l'odeur enivrante de dana détonant une furie chez les êtres de ténèbres...puis ce fut un autre, le bêlement du troupeau et le feu s'engorgeant de sang terrorisant les mortels éveillés. très vite, tout le campement fut alerte et la terreur renversa la raison. les monstres haletaient, déchiraient, les tentes à la recherche de celle qui devait les rassasier. l'homme azur dans un instinct parental attrapa la fillette, la couvrant de voiles, et la traina, une main sur sa bouche, au plus profond du noir ambiant. là où les flammes ne léchaient plus leur épiderme et la lueur ne pointait plus son terrible doigt sur eux. elle fut envoyée sur un dromadaire, accompagnée de l'azawakh familial et quelques provisions - des dattes, du lait caillé, de la viande séchée - à la recherche du fleuve maternel..."tu es fille d'un autre, retournes à l'est...là où le soleil se relève chaque matin". et malgré les cris et malgré la peur et le coeur qui s'embaumait d'une tristesse lancinante et l'âme qui s'emballait, l'animal l'arracha des bras de celui qu'elle voyait comme son père...l'arracha du mal que l'ange avait causé. 06. une croix touareg d'aïr en pendentif la protégeant des mauvais esprits, le lin n'offrant que ses yeux à découvert, dana voyageait sous les yeux indigo de son père divin...sous l'or du ciel fendant son crâne en deux, la fatiguant aisément, la langue pâteuse et la gorge abimée. de temps à autre, partageait-elle un diner avec d'autres tribus nomades, se cachait-elle dans les carcasses de chevaux lors des tempêtes ardentes, et communiquait avec les illusions la frappant. toujours, cette voix résonnant dans sa tête, l'attirant vers l'est envers et contre tout...cette voix, comme miel offert à un enfant, la guidant. cet instinct de survie la poussant à voler des babioles chez ceux qui lui avaient tendu la main, chez ceux qui avaient ouvert leur battant pour que la gamine puisse trouver la paix d'un repos. elle était devenue animal, le chien sacrifié, avec une pierre après une prière et des larmes versées, pour un peu de nourriture fraîche, les cheveux laqués de tresses et d'huile retournant à leur nature sauvage, les ongles rongés par la peur, les yeux cernés ayant absorbés les cauchemars de la nuit...seulement lorsque le soleil brillait se sentait-elle enlacée d'un confort, d'un amour lointain qu'elle ne connaissait pas...qu'elle ne pouvait expliquer par l'esprit...qu'elle ne savait exprimer proprement. c'est ce pressentiment qui l'accompagna jusqu'en égypte - la terre promise. 07. après des mois à errer, la jeune dana s'échoua aux pieds d'une maison. là, une poétesse attendait l'enfant prestige...une dizaine de gamins autour d'elle la regardant avec intérêt. et le destin les lia. Amal aux chants de sirène, Amal aux cheveux d'or noir, Amal au teint olive et à la foi sans précédent recueillait les pauvres abeilles sans ruche, ces nourrissons abandonnés en qui elle voyait un certain talent. un instinct incroyable la poussant à offrir ses bras pour la jeune dana, la reconvertissant en Noûr. 08. martyre à la sainteté sublime, son voile formant un halo autour de son visage souriant, Amal savait lire entre les lignes des regards et des mains scarifiées, savait nourrir les âmes affamées de vie et d'amour, savait charmer les maux avec ses mots brodés de rimes. comme un troisième oeil, une sensation de danger guettant son domicile protecteur, elle oignit Noûr de Kyphi, prêtresse antique...l'étrange mélange bénissant l'adolescente durant quelques années, la couvrant des cauchemars la hantant, la poursuivant, de son campement dévasté, du visage de son père disparaissant dans la brume obscure. fille de la terre, Noûr s'adonna également à l'élevage des chèvres de la famille, la forte odeur la masquant encore toujours plus. 09. durant quatre années, Noûr adopta les traditions ancestrales d'égypte. sa langue commença à propulser d'autres sons, ses doigts s'accommodaient à d'autres cordes (oud), son corps se voilait de niqab, à l'extérieur des murs blancs, la protégeant des rayons du soleil et d'un pouvoir qui pourrait attirer les mauvais yeux. Amal connaissait la nature de son sang, et celle des autres...des reptiles faits humains qui pouvaient sacrifier l'humanité pour trois pièces. à ses yeux, Noûr était son ange, celle qui la guiderait vers الله tout puissant...mais la nuit tombait toujours, dans un cercle vicieux, les ombres revenaient sempiternellement se coller aux corps et croquer les coeurs. un vil serpent se glissa dans la chaumière, un soir d'été, alors que tous dormaient...susurrant ses maudites incantations, il voguait de silhouette en silhouette, longeant ses désirs fallacieux. il suffit d'une morsure pour que la réalité se renverse, que le temps s'arrête, et que Noûr soit jetée de nouveau dans la gueule du monde...non sans amour, non sans douleur, seulement avec ce devoir de protéger les siens et de les délivrer du mal. ce n'était qu'un triste rappel, que les monstres rappliqueraient un jour ou l'autre, leurs yeux agrémentés du sang de leurs victimes, fixant le soleil à son zénith.
noûr rejoignit le camp à ses quinze ans...sauvage et déshydratée. des croûtes sous les ongles et ses voiles déchirés. il lui fallut deux semaines de convalescence pour reprendre ses esprits. on parle, encore de nos jours, d'un miracle.
son second pouvoir fut découvert au camp alors que son premier s'amplifia davantage tournant du passif à l'actif avec beaucoup d'entrainement aux aurores.