can i keep you ? (elias)

(w/@uriah caldwell; can I keep you?)

Le silence accompagnant sa garde est un répit plus que bienvenu après ces derniers jours agités. Il la sentait, Elias, cette tension qui semblait sur le point d’exploser à la moindre étincelle. Il ne pouvait que remarquer les regards méfiants échangés, les doutes formulés à voix-basse au détour d’un couloir, les silences soudains quand un autre faisait irruption dans la pièce. Finalement, cet évènement qui venait perturber la sérénité toute relative du château ne faisait que confirmer qu’il avait eu raison de ne pas se mêler aux autres, de rester sur ses gardes. Le fils de la nuit n’a jamais fait confiance aux autres et ces derniers le lui rendaient bien. Sa filiation avec Nyx avait toujours été la source de chuchotements qu’il avait appris à ignorer, quand bien même il avait par moment envie de leur hurler à tous que leurs parents ne valaient pas mieux que sa mère – certains étaient même bien plus vicieux, mais étrangement, on ne les pointait pas du doigt. Sans doute qu’il est plus facile d’accuser l’obscurité de tous les maux. L’intrusion de Mortharg était l’excuse idéale pour ne pas avoir à faire d’effort envers les autres, pour ne plus avoir à mener des discussions vaines dont il ne voulait pas vraiment. Le garde préférait largement passer son temps libre à Marlene et Uriah, d’autant plus maintenant que leur relation semblait avoir repris un semblant de normalité. Enfin… Ce n’était pas comme avant et ça ne pouvait pas l’être. Du moins, Elias faisait de son mieux pour supporter cette nouvelle dynamique entre ses deux meilleurs amis, tout en se créant une nouvelle place au sein de leur trio. Et s’il n’était pas toujours sûr de ce que cela signifiait, ni du temps qu’ils pourraient passer ainsi, il se contentait de chaque instant volé auprès d’eux.

Sa garde touchant enfin à sa fin, Elias profite des âmes encore endormies pour passer par la douche. L’eau brûlante permet à son corps de se détendre et d’évacuer quelques tensions accumulées dernièrement, et alors qu’il se sèche, les premiers membre de son dortoir commencent à faire leur entrée dans la pièce. Il est toujours ravi de la solitude que lui offre son post, enchanté de ne pas avoir à se complaire dans des faux-semblants ridicules. Il enfile un boxer noir avant d’enfin rejoindre son dortoir désormais vide, ou presque. Uriah est encore là, endormi d’un sommeil qui semblait peu apaisé, et son cœur s’emplit d’une tendresse que soleil et feu sont les seuls à réveiller chez lui. Un léger sourire orne ses lippes alors qu’il avance jusque leurs lits si proches – était-ce lui ou ceux-ci semblaient désormais bien plus rapprochés depuis qu’ils avaient plus ou moins renoué ? Qu’importe. Elias glisse une main dans ses cheveux, caresse légère et il a alors l’impression qu’Uriah se détend un peu à son contact, ce qui réchauffe son palpitant. A contrecœur, la nuit le quitte et prend place dans son propre lit tout en veillant à faire face à son meilleur ami. Son regard ne lâche pas un instant sa silhouette dans une volonté tenace de veiller sur lui, de s’assurer que rien ne lui arrive. Il ignore combien de temps il reste ainsi, Elias. Il oscille entre sommeil léger et réveil en sursaut, comme s’il avait failli à son devoir en s’assoupissant et en ne protégeant plus le soleil des troubles venant le perturber. Et alors qu’il tente de rester éveillé, il observe ses paupières s’ouvrir lentement, avant que leurs regards ne se croisent et qu’un léger sourire ne s’installe sur ses lèvres. « Hey. » Il n’aime pourtant pas ce qu’il voit, le fils de Nyx. Uriah n’est visiblement pas reposé, fatigue encore visible sur ses traits tirés. La vision lui tort le cœur en même temps qu’elle ne déclenche chez lui une tempête virulente, nuit agacée face à son incapacité à l’aider. Ses lèvres se pincent entre elles alors qu’il se demande déjà ce qu’il pourrait faire pour apaiser ses troubles. Il n’a toutefois pas le temps de l’interroger qu’Uriah se relève pour le rejoindre dans son lit, nuit qui s’écarte un peu pour lui laisser de la place – réflexe inutile puisque le fils d’Apollon s’écrase contre lui lourdement, rire amusé qui fait écho à celui du brun, mélodie enchanteresse qui réchaufferait son cœur même dans le plus troublant des moments. Et avant même qu’il ne puisse réagir, un autre élément fait son apparition dans l’équation, sourcils qui se haussent quand Elias sent une certaine pression contre sa jambe. Nullement gêné, parce qu’il s’agit d’Uriah et qu’il n’y avait bien que lui pour ainsi oublier un tel élément, Elias est amusé par l’empressement du soleil à couvrir ce qui le gêne tant. « J’savais pas que t’étais content à ce point-là de me voir. » Sourire au coin des lèvres alors qu’inconsciemment, son bassin se recule un peu, cherchant probablement à éviter qu’un tel contact ne réveille un problème similaire chez Elias. « Pas la peine d’être gêné. J’veux dire… Avec un autre tu pourrais l’être mais c’est moi. » Jalousie qui s’immisce trop facilement à l’idée qu’un tel accident puisse se produire avec un autre – et, en même temps, satisfaction de savoir que leur relation était suffisamment importante pour qu’Uriah n’ait pas à être gêné de quoi que ce soit.  Toutefois, Uriah se reprend vite, fils d’Apollon qui n’a jamais été véritablement pudique, au plus grand malheur d’Elias qui peinait toujours à ne pas laisser son regard traîner un peu trop longtemps. Le rire s’apaise et laisse place à un moment plus calme quand la main du demi-dieu s’invite sur son oreiller et que leurs regards se croisent. Elias se tourne complètement vers lui, main glissée sous son propre oreiller alors qu’il examine les traits parfaits de son visage, regard qui tombe sur les cernes qui témoignent de sa fatigue. « T’as l’air épuisé. » Simple constat lancé plus sérieusement. Sa main libre se pose sur sa joue, avant de remonter légèrement tandis qu’il parcoure doucement les cernes à l’aide de son pouce, comme s’il cherchait à apaiser ce qui avait causé un tel trouble dans son âme si solaire. « T’avais l’air agité quand j’suis allé me coucher. T’as fait un cauchemar ? » Doigt qui glisse à nouveau et cette fois, c’est sa joue qu’il caresse tendrement sans jamais le lâcher du regard. Parce que le fils de la nuit refuse d’avance qu’Uriah ne fasse passer ça pour quelque chose de quelconque, de sans intérêt, alors que tout importait quand il était concerné. « Raconte-moi. » Une demande, presque une supplique murmurée du bout des lèvres. Il voulait savoir, tenter d’apaiser ses maux d’une façon ou d’une autre, parce qu’à ce moment-là, plus rien d’autre ne comptait. « Tu devrais dormir encore un peu Uriah. » Et comme pour appuyer ses propos, sa main glisse finalement vers son bras, doigts qui s’accrochent au biceps pour s’assurer qu’il ne parte pas, en même temps qu’une jambe glisse entre les siennes, tandis que l’autre passe au-dessus des autres. « Reste. » Et pas seulement parce qu’il pourrait se reposer. Qu’il reste, parce qu’Elias en avait besoin, qu’il en avait surtout terriblement envie. Qu’il reste, parce que lorsqu’il était là, si proche de lui, le monde semble un peu plus beau et supportable.

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Il n’aime pas lire le trouble sur le visage d’Uriah, Elias. Il aimerait faire disparaître cette fatigue qui tire ses traits et cette inquiétude qu’il ne lit que trop facilement dans son regard. Ses doigts se perdent en caresses tendres arpentant son visage alors qu’il ne le quitte pas du regard. Il lui laisse du temps, conscient qu’il n’était pas habitué à partager ses troubles. Le demi-dieu avait toujours trouvé le soleil incroyablement fort – parce qu’au lieu de se laisser attraper par les ténèbres de la nuit ou consumer par le feu au cœur de leur trio, il jonglait entre eux en restant tout aussi solaire, en veillant sur eux sans jamais sombrer, lui non plus. Il se demandait comment il y parvenait, alors que lui peinait tout juste à garder la tête hors de l’eau. Il a toutefois l’impression que ça doit lui peser, d’une façon ou d’une autre, et en le voyant ainsi, il ne rêve que de pouvoir le délester du poids posant sur ses épaules. Quand Uriah se confie, il l’écoute attentivement, fronçant les sourcils face aux mots du fils d’Apollon. Malgré lui, il baisse les yeux quand il évoque la corruption régnant au sein du château désormais troublé à jamais par cette présence que tous avait ressenti. La culpabilité est là, s’agitant et lui donnant envie de hurler, de tout raconter mais il s’abstient, Elias. Il ne veut pas les perdre, tous les deux, et il était sûr qu’ils ne comprendraient pas ce qui le poussait à agir comme il le faisait, alors même qu’il n’avait que leur bien-être en tête. Il refuse de lire la déception dans les iris du soleil alors la confession est repoussée, dans l’espoir même de ne jamais avoir à la faire. Le sourire qu’il offre n’a rien de convaincant. Habituellement, l’éclat du sourire d’Uriah rendrait le soleil jaloux. Aujourd’hui, il n’est que faible étincelle qu’Elias voudrait raviver en un brasier ardent. « Non ça va, t’en fais pas. » Il était pourtant épuisé, l’anglais, mais savait pertinemment qu’il ne saurait dormir alors que son meilleur ami se trouve dans un tel état. Il préfère rester à ses côtés, le réconforter suffisamment pour qu’enfin il puisse trouver ce sommeil tant mérité. Sa demande la surprend mais il obtempère sans hésiter un instant, fils de Nyx qui cherche déjà ce qu’il pourrait confier à celui qui le connaissait mieux que quiconque même en dépit de la distance qu’il avait si longtemps imposé entre eux. Il s’accorde toutefois quelques instants de réflexion alors qu’une main remonte le long du visage d’Uriah pour venir se perdre dans ses cheveux qu’il caresse distraitement, alors qu’il cherche ainsi à le détendre suffisamment pour qu’il soit assez à l’aise pour s’endormir. « J’ai failli quitter la colonie. » L’aveu quitte naturellement ses lèvres alors qu’il s’installe finalement sur le dos, ne laissant que cette main se perdant dans les mèches caramels de son ami, regard rivé sur le plafond. « Avant qu’on s’connaisse. Tu sais bien ce que les autres pensent de Nyx… Et de ses enfants. » Les murmures n’avaient jamais cessé, même quand Uriah et Marlene étaient à ses côtés. Leur présence n’avait fait que les rendre plus supportables. « Ils n’arrêtaient pas de dire que j’devais être mauvais, comme elle. Qu’il fallait pas m’approcher parce que n’importe qui finirait par sombrer dans les ténèbres avec moi. » Le regard est distant alors qu’il évoque ces souvenirs machinalement, mots qui n’avaient jamais réellement quitté le brun, même après toutes ces années. Au fond, il était convaincu qu’il y avait une part de vérité dans ces mots, quand bien même Uriah et Mar s’étaient évertués à lui prouver le contraire année après année. « J’me disais que ça servait à rien de rester pour supporter ça. Puis… T’es arrivé. C’est grâce à toi si j’suis resté. » Il tourne à nouveau la tête vers le soleil, aveu franchissant tout naturellement ses lèvres. Il se redresse légèrement, déterminé à apaiser les tumultes ravageant l’âme de son meilleur ami. Hors de question qu’il n’endosse des responsabilités qui ne sont pas siennes ou qu’il ne laisse des craintes infondées gangrener son palpitant. « Rien ne nous séparera plus jamais Uriah, d’accord ? J’te promets d’y veiller. » A moins que ce ne soit lui, qui cause leur séparation par ses choix, peur qu’il tait parce que malgré tout, il y croit, Elias. Il croit que plus rien ne saurait s’interposer, pas après avoir tant souffert de cette séparation qu’il avait lui même imposé à leur trio. L’anglais se perd dans ses iris qu’il accroche comme pour s’assurer qu’Uriah écoute bien chaque mot et, surtout, qu’il ne veuille bien les croire. « Tu n’es pas obligé de toujours aller bien, Uriah. Tu peux aller mal, parfois et surtout… Tu peux m’en parler. » Parce que leur relation ne devait pas être à sens unique et, surtout, qu’il ne devait pas être seul à tant gérer. Sa main s’arrête finalement sur sa joue, délaissant cette crinière qu’il avait entre les doigts depuis quelques minutes. « Tu n’es pas obligé de tout garder pour toi. Tes ténèbres ne s’ajouteront pas aux miens. Et quand bien même ça devrait être le cas… C’est rien. J’peux le supporter. J’peux tout supporter, pour toi. Mais… Ne traverse pas ça seul. S’il te plaît. » Car la crainte que les ténèbres ne viennent ternir son éclat solaire est là, oppressant le cœur de la plus douloureuse des façons.

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Il se perd rarement en confidences, Elias, bien plus à l’aise avec les actes qu’avec les mots. Il a cette habitude coriace, celle de taire ses ressentis et de les laisser le consumer de l’intérieur jusqu’à l’explosion. Le procédé n’avait rien de sain mais c’était ainsi qu’il était. Le fils de la nuit avait déjà cette impression d’être un poids, d’être celui que l’on devait constamment sauvé des ténèbres oppressant qui l’habitent. Il ne voulait plus qu’être là pour Marlene et Uriah, être celui qui les soutiendrait et non qui les tirerait vers le bas, quand bien même ils n’avaient de cesse de prétendre que ce n’était pas le cas. Qu’en serait-il, quand ils apprendraient ce qu’il avait osé faire ? Quand ils réaliseraient jusqu’où il était prêt à aller pour les protéger de tout ? Il préfère ne pas y penser, préfère s’imaginer qu’ils ne le découvriront jamais. « T’as pas à le faire. J’suis là. » murmure l’anglais alors qu’il ne cesse ses caresses, comme pour accompagner ses mots d’une preuve physique. Les cernes d’Uriah le poussent à veiller à ce que jamais le soleil ne perde de son éclat à cause de sentiments réprimés, hypocrisie certaine venant de celui qui refusait de l’accabler de ses troubles. C’était différent, pour le fils d’Apollon. C’était différent parce qu’il méritait tout, méritait bonheur et sérénité, et Elias se jurait de faire de son mieux pour l’aider à s’épanouir. « J’peux essayer. » dit-il, sans rien promettre cette fois. Il n’a pas envie de lui mentir, pas plus qu’il ne le fait déjà d’une certaine façon en omettant de lui révéler certains éléments. Les mots d’Uriah le troublent alors que ses mouvements cessent et que son attention toute entière se porte sur le soleil. Son regard se fait si intense qu’il s’y perd facilement alors que son souffle semble comme en suspens. Ses yeux s’abaissent vers ses lèvres et ne loupent pas cette langue passant sur celles-ci, cœur qui s’emporte et bat à la chamade sous la force de ses envies. Heureusement – ou non, il n’arrive pas à le déterminer – le moment est interrompu par le demi-dieu qui se retourne et exige plus de place, ce qu’Elias offre bien volontiers en se reculant un peu. Sa respiration se coupe quand Uriah se penche et que son corps se presse un peu trop vers son bassin, juron qu’il retient de justesse alors qu’il ferme les yeux et tente d’omettre les délicieuses sensations provoquées par le contact imposé. C’est tout naturellement qu’il l’entoure d’un bras et l’attire contre lui tandis qu’il recouvre leurs corps d’un draps. « Tu t’es vu, Caldwell ? » lance-t-il, amusé. L’amusement ne dure pourtant pas alors que la chaleur du corps du soleil s’impose à la sienne, que les frissons le parcourent et que tout semble trop, tout en étant pas assez. Son souffle s’écrase contre sa nuque, alors que son odeur vient lui chatouiller les narines. Elias sait d’avance que trouver le sommeil sera compliqué, cœur tambourinant à cause de cette proximité qui rendait toute tentative de s’apaiser difficile. Ses doigts courent sur les avant-bras du demi-dieu dans des caresses légères alors qu’il tente, pourtant, de trouver le sommeil en fermant les yeux. Des secondes passent, plus longues que des minutes tant la tension semble envahir chaque membre de son corps. Il en vient à rouvrir les yeux, pupilles se posant sur la silhouette d’Uriah. Et dans une impulsion qu’il ne contrôle pas, il se penche et ses lèvres viennent se poser sur la nuque offerte. Son parfum l’enivre en même temps qu’il réalise que le contact ne suffira pas, alors il tente un baiser sur son épaule, cette fois, craignant qu’à chaque instant, il ne le repousse ou s’offusque des envies exprimées. « Tu dors ? » le murmure s’écrase contre sa peau alors que sa voix se fait plus grave sous l’effet du désir ressenti. Le fils de la nuit se redresse légèrement, pose une main sur le bras du soleil pour l’inciter à se retourner. Il se passe quelques secondes à peine au cours desquelles Elias sonde son regard avant que ses lèvres ne viennent s’appuyer tendrement sur les siennes. Le geste est bref et apporte pourtant avec lui un flot d’émotions qu’il ne saurait discerner, alors que la myocarde s’apaise en même temps qu’elle ne s’agite dans un paradoxe qu’il n’a su éprouver qu’avec Marlene. Quand il s’écarte, l’envie de recommencer n’est que plus forte alors. Il ne savait pas à quoi s’attendre, l’anglais, lui qui n’a jamais embrassé un autre homme avant Uriah et pourtant il savait déjà qu’avec lui, ce serait parfait – parce qu’il était l’exception, celle qu’il n’avait jamais suspecté et qu’il ne saurait expliquer – alors qu’au fond, tout semble logique. « Uriah... » Il n’a pas les mots, Elias, et de toute façon, qu’aurait-il pu dire ? Ses doigts parcourent le torse face à lui et dans un nouvel élan traduisant ses désirs, ses lèvres s’échouent à nouveau contre les voisines, dans un baiser plus passionné qu’auparavant, chassant les hésitations qu’il pouvait alors réprimer, tandis que plus rien ne semble exister si ce n’est ce nouveau moment partagé entre eux. Et alors que sa main s’agrippe à sa nuque, il ne peut que se demander pourquoi il n’avait pas cédé avant.

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Il en a rêvé, Elias. Sans l’assumer véritablement, il en a déjà rêvé, de ses lèvres trouvant les siennes pour venir combler des envies qu’il peinait de plus en plus à étouffer. Il a essayé, pourtant. Parce qu’au delà de la force de ses désirs, il y avait leur amitié, celle qui l’avait tant aidé, celle qu’il avait perdu et venait seulement de retrouver. Il craignait de la gâcher, de la briser définitivement par un acte qui viendrait tout chambouler entre eux. Et si Uriah le repoussait ? Et s’il lui en voulait, pour avoir ainsi mis leur amitié en danger ? Les risques étaient trop nombreux et pourtant… Il suffit d’une pression de ses lèvres contre celles du soleil pour qu’ils ne disparaissent. Il ne parvient pas à regretter alors que son corps est envahi des sensations les plus exquises jamais éprouvé, qu’une passion sans nom prend possession de son être. Bien vite, il réalise que ce n’est pas assez. Que le premier baiser n’avait rien rassasié de la faim qui grondait en lui, qu’il avait besoin de plus. Les doigts de son meilleur ami sur sa peau viennent lui arracher des frissons exquis et à nouveau, leurs bouches s’unissent dans une danse passionnée. Si le premier baiser fut semblable à une douce brise venant chatouiller ses sens, celui-ci est une véritable tornade qui le transporte et lui fait faire pied un peu plus. Et par Zeus, comment pouvait-il à nouveau se tenir près de lui sans avoir envie de recommencer encore et encore, dorénavant ? Comment pouvait-il faire pour ignorer ses envies dévorantes maintenant qu’il avait goûté à ses lèvres et qu’il avait constaté à quel point rien ne serait jamais aussi satisfaisant ? Il parcoure son bras du bout des doigts, découvrant chaque centimètre de peau avec une gourmandise qu’il ne sait dissimuler alors qu’un gémissement étouffé lui échappe quand leurs langues se rencontrent. Machinalement, son corps cherche la proximité de l’autre et se rapproche un peu plus du sien alors que son monde n’est fait que du soleil, chaleur dévorante éprouvée qui se répand dans tout son être sous la force de ses désirs.

Il y a cette pause imposée par le fils d’Apollon et qui permet à la nuit de reprendre son souffle, lui qui lui aurait volontiers laissé le dernier du moment qu’il le perdait contre ses lèvres. Ses paupières s’ouvrent et l’image d’Uriah face à lui, le souffle court, les cheveux ébouriffés d’y avoir si souvent passé les doigts, les pupilles dilatées, ne fait que le tourmenter plus encore. Un rire lui échappe aux paroles de son ami alors que sa voix rauque l’incite à retrouver ses lèvres au plus vite. Une légère lumière illumine sa peau et il ne peut que le trouver plus attirant encore, Elias, alors que son cœur s’emballe un peu plus et que tout son être réclame le sien. Il est à l’image de ce qu’il a toujours été pour lui – la lumière l’attirant loin des ténèbres qui menaçaient de l’englober tout entier, la lumière qui le réchauffe quand tout son monde est si brutalement froid. Son souffle se coupe quand les doigts de son meilleur ami descendent le long de son torse, torse qui se soulève doucement alors qu’il baisse les yeux et suit du regard le cheminement de sa main.