Écho Ξ Memento Mori Ξ

Droite comme un piqué, les poings serrés elle se retrouve de nouveau face à cette demeure qui avait accueilli ses premiers pleurs, ses rires cristallins et les premiers afflux de sang. Le tonnerre grondé toujours lorsque tu étais dans ce couvent, entourée par ses sœurs qui jusqu’à aujourd’hui représente la seule famille que tu as eu. Être là ça te rappelle bien des souvenirs.

Tu ne te rappelles pas de ton arrivée tu étais trop jeune cependant, tu te souviens de ton enfance... Bercée d’illusions et de rêve d’une grande famille unie. Ils servent la même sauce à tous les gosses comme toi. Que ta mère t’a laissé non pas par choix mais par obligation. Qu’elle t’aimait et s’est battue pour te garder hors, la justice est plus forte qu’elle. Des années à attendre près de ce grillage qu’elle viennent te récupérer, des rêves peuplés d’un visage que tu imaginais. On a essayé de t’adopter une fois, toi qui étais folle de joie à chaque fois que les familles venaient visiter l’orphelinat, ce n’était pas ta génitrice mais on voulait de toi. Et ça, ça te comblait de bonheur effaçant la douleur de l’abandon. Il y avait un hic ou plutôt une personne qui venait toujours obscurcir ton ciel étoilé. Ton rêve éveillé. Toi-même ou bien les gênes qui coulent dans tes veines, tu as du mal en compréhension et en grammaire. Et le fameux combo hyperactif. Tu étais intenable, inépuisable, tu parles sans cesse de ta génitrice. Tu es agaçante. Pas le genre de rejeton idéal qu'on voudrait. Sans surprise ils te ramenaient au couvent les sœurs t’attendant déjà devant ce foutu grillage. Plus personne ne tenta de te faire intégrer leur cocon, vite découragé par les soeurs qui te décriva comme "compliquée". Ambitieuse et tenace, tu te plonges totalement dans les études pour aller au-delà de tes difficultés. Épaulée par celles qui ont toujours été de ton côté, tu as réussi à manier ta dyslexie.

Un beau matin d'hiver, on te retira le voile d'ignorance sur ta destinée et ce que tu étais déjà. La Mère du Couvent, te convoqua et réfléchissant à ta dernière bêtise en date tu y alla les pieds traînants. N'allant pas par quatre-chemins elle te dira que tu n'es pas un échec ou un boulet comme tu le penses, Thor est ton père, que ta mère l’avait charmé mais qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant dû à sa santé bancale. Mais qu’il l’avait quand même fait, il avait déversé sa semence miraculeuse qui est la cause de ta dyslexie ainsi que ton trouble de l'attention et quelque temps après tu poussais dans le ventre de ta mère. Elle ne t’avait pas abandonnée mais elle était décédée en te mettant au monde car même un Dieu ne peut aller contre la nature. Elle avait eu ce qu’elle voulait à tout prix mais au déclin de sa propre vie. Ce jour-là le vent avait soufflé fort, si fort qu’une des fenêtres ouverte s’était brisé en se refermant brusquement faisant sursauter les sœurs dans la pièce. Complice de cette abominable réalité. Une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, tu avais atteint tes douze ans et il était temps pour toi d'aller dans ce camp de sang-mêlés si réputé dans la région. Que tu croyais même être un mythe. Toi ? Une fille de Dieu ? Y aller fut une nouvelle claque dans ta gueule d'innocente. Le passage obligatoire pour les graines de Dieux, parce qu'en plus ils faisaient de vous des enfants-soldats ? Vous n'aviez pas d'existence propre déjà, vous ne serviez qu'à représenter quelqu'un, les choix ne vous appartiennent pas et ça semble se prédire jusqu'à votre mort putain. Su-per. Et certains croient encore qu'ils sont preuves de bonté. Vous me donnez envie de vomir. Penses-tu face à tous ses hypocrites, heureux de représentés un parent ne s'étant jamais vraiment occupé d'eux. Ils pouvaient bien faire semblant d'être insouciant, au fond tu sentais l'odeur de l'amertume insoupçonnait qui se dégageait de ses gosses. Un jour, ils comprendront.

Thor, tu l’admirais petite, tu jouais avec des marteaux et tu pensais faire crier la foudre qui étrangement te répondait à ce même moment. Les coïncidences ça avait bon dos à l’époque. Et voilà qu'elle eut du mal à te faire avaler qu’il existait, car c’est bien connu, les Dieux ne se matérialisent pas comme ça.. Ils ne ressemblent pas autant à des humains. C’est ce que tu croyais. Et il y avait bien une chose qu’ils partageaient avec tes congénères, un orgueil dévorant.

Tu le vis mal, très mal. Tu te renferme dans l’art de la guerre ayant du mal à te lier d'amitié avec les autres, tu ne voulais pas de cette vie ni de ses "amis". Là-bas ils t’apprirent à te défendre, à lancer, à combattre ses monstres que tu les aidais à repousser loin de la bâtisse. Tu n’étais pas la seule héritière à être condamné à une vie de solitude et ensembles vous faisiez front. Tu étais une guerrière valeureuse et on te disait sans cesse que le Valhalla s’ouvrirait à toi. Tu n’y crois plus en ses conneries, tous les soirs tu rejoins un groupe de jeune dissident du camp. Des gamins comme toi, qui en ont marre des Dieux et de leurs caprices. Une fille d’Odin menait la danse, les yeux plein de haine et qui respirait la malice. Digne de son père, vous lui auriez dit elle vous en aurait collé une. Tu ne participais pas mais tu l’écoutais sagement chaque fois rêvée de votre vendetta.

Jusqu'au jour où tu réussis une quête particulièrement compliqué, ou tes pouvoirs ainsi que ton intellect avaient été sollicités. Ça avait été extrêmement compliqué mais tu avais réussi. Ramenant avec toi la tête du monstre comme signe de réussite. En cadeau tu eu ce qu'un temps tu avais espéré : Rencontre ton géniteur. Au début tu avais rejeté le présent mais devant les regards effarés des autres ainsi que le "On ne dit pas non à un Dieu." tu avais accepté. Et tu l'avais attendu de longues heures jusqu'à ce que plusieurs éclairs déchirent le Ciel et qu'il fasse son entré triomphante devant toi. Tes yeux avaient roulé dans tes orbites. Comment on disait bonjour à une divinité ? Tu devais faire quoi ? Lui courir dans les bras ? L'appeler papa ? Non. Tu le refusais. Alors, tu lui demandas de ne plus revenir. Tu t'avais construit seule, tu détestais ta condition et tu le haïssais lui. Il te répondit qu'il comprend, qu'il est fier que tu le représentes et que lorsque tu seras en âge de comprendre tu lui pardonneras. Il pouvait toujours courir celui-là. Tu le remercias tout de même d'être venu. Maintenant tu savais à quoi il ressemblait, ça te faisait déjà un visage sur deux. Ce fut la première rencontre et la seconde arriverait que bien plus (trop) tard. Du moins pour l'instant la seconde n'est pas encore arrivée pour le moment.  

Souvent tu te posais à l’épaisse Coline où vous pouviez voir les aurores boréales qui recouvraient le ciel de la Norvège plusieurs fois dans l’année. Ce spot fut longtemps le lieu de récolte de tes prières sauf qu’à présent tu ne priais plus les Dieux mais n’importe qui  pourrait t’aider. Et ce fut la première fois que tu vis le renard des neiges face à toi, comme s’il te comprenait.. il n’avait rien d’un animal outre le pelage, il avait ses mimiques d’humain. C’était étrange, il est resté là à t’observer puis tu es parti sous son regard.

Lorsque tu fus majeur tu quittas le camp non encouragé par les autres qui te disaient à quel point ton père sera furieux. Mais tu t’en fiche, tu partis avec un sac à dos qui contenait tes seules affaires sous les éclairs grondant du tonnerre qui prenait forme au-dessus de toi et te suivais. Tu avais brûlé à moitié ton tee-shirt si iconique de ce monde d’égoïste.  Tu avais réussi tes études malgré cette situation compliquée, car rien ne pourrait t’arracher à ta vie d’humaine. Tu avais même était acceptée à l’université de la ville pour un cursus en médecine. Tu voulais sauver les autres, tu voulais être utile, guérir leur douleur à la place de panser la tienne. Au début tu enchaînas les petits travails pour payer les frais engendrés, car aucune banque ne voulait faire un prêt à une orpheline sans garantie. Tu vivais dans la rue avec d’autres laisses pour compte comme toi. Mais tu étais heureuse, à squatter par ci et par là. Jusqu’à ce que vous aviez assez d’argent pour louer un apparemment et vivre en collocation. À trois dans un studio. C’est là que la musique prit encore plus une place importante dans ton existence, depuis gamine tu griffonnais des petits textes, des chansons que tu rêvais de chanter face à une foule en délire.

Mermaid’s song prit vie tout comme Écho. Trois clochards qui claquent toutes leurs économies dans du matériel mais qui gagner quelques billets en se représentant dans les bars du coin. Vous aviez du succès c’est sûr. Mais à côté de cette passion tu avais tes études, pendant plus au moins une dizaine d’années tu accumula les deux. Ce fut compliqué parfois, éprouvant et tu songeais à lâcher plusieurs fois mais tu t’accroches. Les monstres ne te lâchaient pas et te rappeler sans cesse ta condition. Les cicatrices cache sous l’encre tu ne les compte même plus. Des trésors de guerre voici ce que s’est.

Hildegard Nygård, médecin généraliste. Ça y est tu l’avais enfin ce diplôme et ce titre. Toutes ses années à sué, en voici ta récompense. Tu étais folle de joie tu avais même fêté ça avec ton mari à l’époque, car oui, l’amour de jeunesse s’était soldé par un mariage deux ans après votre rencontre. Mais l’amour ce ne dure jamais, ton travail de médecin puis le groupe qui prenait bien trop de place dans ta vie. Il disait qu’il était de trop. Qu’il avait du mal à supporter tout ça. Il croyait à peine à ton délire d’enfant de Thor, il te pensait folle tu le sais. Il ne voyait pas les créatures, il ne voyait que sa femme chahutée seule dans la nuit. Parfois recouvert de sang d’autres fois non. Il t’avait même forcé à voir un psy. Il ne t'aimait pas pour ce que tu étais mais pour ce qu'il voulait que tu sois. Vous avez divorcé à l’amiable. Heureusement tu avais établi un contrat de mariage et chacun garda ce qu’ils lui appartenaient. La rupture fut douloureuse mais plus étonnante. Thor te prendrait tout jusqu’au bout.

Tu t’es retrouvé seule dans cette grande maison vide, à enchaîné les histoires sans lendemain et à t’auto-détruire. Tout ce qui pouvait être une addiction l’était chez toi que ça soit la drogue dure ou bien la scarification. Tu souffrais d’un mal-être qu’aucun traitement ne pouvait guérir. Hel, tu l’avais provoqué de nombreuses fois, les Valkyries flottant au-dessus de toi et le bruit des sabots de leurs chevaux raisonnant. Mais l’éclair fendu le ciel à chaque fois et tout disparaissait.

Les bars c’était un peu ton qg à toi, un soir tu revis cette fille d’Odin, bien plus vieille et toujours aussi véhémente envers les Dieux. Elle n’avait pas changé et toi non plus, ton envie de révolution avait conquit à présent ton cerveau de femme accomplie et vos idées se rejoignaient. Réveiller les géants, déclenchés le Ragnarok. Terrassée les Dieux. Ce soir-là, vous aviez fini dans le même lit. Ivre de baiser et refaisant cet avenir glorieux qui vous attendez. Tu lui a juré fidélité comme elle t’a jurée la sienne. Une relation sans nom se pose, tu te mets à chanter votre révolution.

Quelques semaines plus tard tu revis cette fille qui avait bien plus que ta fidélité qui te recommanda d’y aller dans un foutu château avec elle. Un danger plane sur vous, elle semble à moitié admirative de ce qui se présageait malgré qu'elle ne dise rien. En tout cas, elle te présenta le projet comme une aubaine pour agrandir de plus belle vos rangs qui forment déjà une belle petite armée. Comment aurais pu dire non ?

Une semaine après tu te retrouvais la face au couvent pour la dernière fois, pour dire adieu. Tu quittas la Norvège pour la première fois pour atterrir en Écosse, la demeure des demi-Dieux encore une fois victime de leur parent divin. Mais pour toi, c’était la dernière fois, les enfants allaient renverser les parents comme dans de nombreux contes. Sauf qu’à l’inverse d’eux, vous allez réussir. Vous serez les prochains Dieux sur cette terre. À peine arrivée que tu acceptes diverses quêtes, tu en réussis parfois et d’autres non. Mais une de grave a jamais dans ton cœur. Celle où ton palpitant mourra avec lui la femme que tu aimais. Ils diront que c’était un accident mais tu es médecin, ça ne ressemble pas à un accident. Tu le sais, les Dieux l’ont tuée, elle devenait trop menaçante. Est ce vrai ? Probablement pas. Mais toi tu y crois. Et tu leur feras payer tous autant qu’ils sont. Tu vas conquérir ce château et les cieux aussi.