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do you feel like a young god + zahra

Rai Byrde
voice of the gods

Rai Byrde
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moyenne de mots/rp : 200-700
présence : présente
pronom irl : elle/she/they
fc & crédits : joji (moi-même)
missives : 36
pecunias : 2392
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Deux longs mois qu’il avait rejoint l’enceinte de Kvalir, et Rai Byrde ne savait pas comment remplir ses lentes journées d’ennui. Le matin, il parcourait les différentes ailes du château pour que les enveloppes puissent arriver à destination ; le reste de son quotidien se trouvait rythmé par des repas fixes, et… et c’est tout. Il les connaissait, ces nouveaux visages autour de lui. A force de les croiser, de leur tendre des lettres, de leur dire « Bonjour, voici pour vous ! » avec un grand sourire, il avait appris à les reconnaître au milieu de la foule, et parfois même à mettre dessus un nom inscrit à l’encre noire. Il leur assignait parfois une histoire, un caractère, d’après la manière dont les sourcils se fronçaient, ou la façon dont la commissure des lèvres se pinçait en rictus lors de leurs rires. Et les gens auxquels appartenaient ces visages, Rai leur parlait peu. Il avait cette impression que cette nouvelle vie respirait l’irréalité, qu’elle se terminerait bientôt, et qu’il reviendrait à son boulot de livreur dans un appartement insalubre aussitôt ; qu’il n’avait pas à créer de lien, s’ils repartiraient aux quatre coins du monde aussi vite.  Mais voilà : deux mois étaient passés, et peu à peu se confirmait l’idée selon laquelle cette vie était désormais son quotidien pour de bon.

Aussi décida-t-il, alors que le soleil se réfractait dans la vitre de sa fenêtre de chambre, de sortir profiter de ses rayons au lieu de croupir entre quatre murs, téléphone entre les mains.

C’est ainsi que Rai se retrouva sur le sentier amenant à l’étang, les mains plongées dans les poches de son jean noir. Il inspira l’air ambiant pour l’apprécier un instant ; il était pur. Une petite brise venait rafraîchir les êtres qui s’y trouvaient de temps à autre. Elle amenait avec elle un peu d’électricité que ressentit le demi-dieu à la surface de son épiderme. Dehors, c’est là qu’était censé être son élément, sous les quelques nuages qui ponctuaient le ciel ; et pourtant, il s’en sentait terriblement étranger, comme rejeté. La petite sortie de Rai commença à tourner au trop-plein de pensées. Oui, il était un échec, oui, il avait fait tourner la question en boucle dans son esprit des centaines de fois, et oui, vivre à Kvalir ne faisait qu’amplifier ce fait. A cause d’une brise et d’un peu d’électricité, un sentiment d’anxiété le prit. Il accéléra le pas sans s’en rendre compte et arriva devant l’étang. Il s’arrêta un instant, admirant la vue, la tranquillité du lieu, les reflets de couleur sur les vaguelettes. Le jeune homme se pencha alors pour récupérer un caillou, s’approcha du bord du point d’eau, et l’y jeta. Son visage se déforma dans les ondes de la surface de l’eau créées par le caillou.

Rai recula d’un pas avant de relever la tête. D’autres demi-dieux profitaient des extérieurs aux alentours. Ses yeux noirs balayèrent le lieu et s’arrêtèrent sur une figure en particulier. La plus proche. Elle lui disait quelque chose, avec sa chevelure bouclée. Il en était certain. C’était un visage familier. Elle lui inspirait quelque chose de familier, oui.

Il fit alors mine de faire le tour de l’étang. Comment s’appelait-elle, déjà ? Il devait l’avoir lu quelque part, son prénom. Quelque chose finissant par un A, c’était sûr. L’alphabet défila dans sa tête alors qu’il fixait son chemin prédéterminé pour passer devant la jeune femme.

Eurêka !

Rai tourna la tête nonchalamment vers l’inconnue tandis que ses pas le guidaient non loin d’elle. Il s’arrêta à quelques mètres, le regard posé sur elle.

« Tu es... » Il fit mine de chercher un instant, comme s’il ne venait pas de le faire lors de sa petite balade. « ...Zahra. C’est ça ? » Et le souvenir du prénom écrit sur une enveloppe, et même du numéro de chambre associé. Tout était calculé pour qu’il paraisse le plus naturel possible… à l’exception de ses doigts de la main gauche, posés par dessus la poche où le pouce était enfoncé, qui tremblotaient.
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De ce déménagement précipité à Kvalir, tu ne sais toujours pas quoi en penser. Si la sociabilisation avec les autre demi-dieux t’inquiète un peu moins qu’au tout début, tu n’en restes pas moins terriblement mal à l’aise avec les nouveaux visages qui peuvent se présenter à toi. Tu ne parviens pas vraiment à te l’expliquer, tu ne parviens pas vraiment à savoir sur quel pied danser quand tu fais de nouvelles rencontres. Tu ignores tout des us et coutumes d’autrui, tu ne connais que ton propre panthéon et l’inconnu te fait doucement frémir. Et si tu n’es plus aussi fébrile qu’auparavant (en partie grace à Narcis), si tu n’es plus aussi hésitante qu’avant, tu n’en restes pas moins terriblement maladroite. Coeur palpitant frénétiquement contre tes côtes dès que tu te mêles au melting-pot que forment les différents panthéons, tu as les mains moites rien qu’à l’idée d’alpaguer l’un de ceux que tu considères comme étranger. N’es-tu pas toi-même l’étrangère à leurs yeux ? La question se pose distraitement, tu y réfléchis quelques secondes puis tu la laisses aller, s’évaporer. Tu fais de ton mieux pour ne rien laisser paraître, Zahra. Surtout que tu te doutes (et tu peux le voir) que tu n’es pas un cas isolé ; tous autant que vous êtes, vous avez été déracinés. Forcés à déménager loin de vos terres et de vos familles mortelles. Et si pour toi, la distance avec ce qui aurait dû être ta famille est loin d’être dérangeante, tu ne peux pas en dire autant pour le camp Amon. Tu le répètes assez souvent, mais le camp a toujours été ton chez toi, le premier endroit que tu as réellement considéré comme ton foyer. Le soleil te manque, les températures chaudes (parfois trop) aussi. Le climat écossais n’est pas fait pour ta constitution, à n’en pas douter.

C’est pour cette raison que tu enfiles une veste en laine assez épaisse avant de quitter ta chambre. Comme cette armure que tu enfiles avant de foncer sur le champs de bataille, comme quelque chose qui te protégera du froid, mais aussi du regard des autres. La veste est longue et fluide, cache ta silhouette finement musclée. La couleur beige met en avant ton teint encore bien hâlé, l’Écosse n’ayant pas encore eu raison du souvenir du soleil de chez toi. Tu laisses ta crinière comme elle est, n’ayant guère l’envie ou l’énergie de la dompter d’une quelconque manière. En tous les cas, tu trouves que tes boucles n’ont guère besoin d’être manipulées aujourd’hui, elles sont très bien comme elles sont. Alors, emmitoufflée dans ta veste en laine, tu t’en vas au travers des entrailles du château. Tu files sans faire attention aux gens qui se pressent autour de toi, faisant de ton mieux pour ne bousculer personne malgré tout. Aujourd’hui, tu es d’humeur à te promener un peu, à te familiariser davantage avec ton nouvel environnement. Et c’est sans grande surprise que tu t’en vas vers l’étang sans la moindre once d’hésitation dans tes mouvements. Tu l’aimes bien, l’étang ; tu as déjà eu l’occasion de l’apercevoir lors du banquet, puis tu y es retournée un peu plus tard … C’est un endroit que tu trouves assez chouette, tu sais que, là-bas, tu as tout le loisir de te détendre un peu et de profiter de l’endroit comme tu le souhaites. Peut-être est-ce la proximité avec l’eau, élément qui est souvent associé à ton paternel, et c’est cela qui t’appaise un peu. Peut-être est-ce juste que l’étang est un endroit tout simplement sympa et qui te plaît. Tu te fiches bien de savoir la raison, le pourquoi du comment. Tu sais juste que ça te plait et c’est bien là tout ce qui compte.

Tu entreprends alors de faire le tour de l’étang pour commencer ta balade. Après, tu iras très probablement faire un tour dans la forêt, que tu penses un peu distraitement. Puis, tu rentreras très certainement au château pour retrouver Sanaa et lui parler de ta balade, ensuite tu iras chercher Souleyman et le convaincra de se joindre à toi pour une session d’entrainement. Et le soir, tu iras te coucher, somme toute satisfaite de cette journée. C’est un bon plan, trouves-tu. Plan qui est finalement interrompu par la voix d’un jeune homme qui se trouve non loin de toi. « Tu es … » Il hésite et tu t’arrêtes alors de marcher pour l’observer. Curiosité et méfiance se mêlent dans ton regard. Son visage ne t’est pas étranger, mais tu ne parviens pas à te souvenir tu l’as déjà vu. Tu fouilles dans ta mémoire, en vain. « … Zahra. C’est ça ? » Tu hoches la tête, silencieuse. Tu cherches tes mots. Puis tu prends la parole, avec un petit air désolé. « Et tu es … ? » lui demandes-tu doucement, avant d’enchainer. « Je sais qu’on s’est déjà croisé quelque part, mais je n’arrive pas à me souvenir. J’espère que tu voudras bien m’en excuser … » Et ce n’est vraiment pas faute de vouloir te souvenir. Tu aurais aimé te passer de l’embarras qu’est le fait d’avouer que tu es aussi tête en l’air. Tu lui adresses un sourire que tu espères être rassurant, peu désireuse de le vexer. Tu espères qu’il ne t’en tiendra pas rigueur. Gênée comme tu l’es, ton regard se fait fuyant alors que la conversation se fige. Tu fourres les mains dans les poches de ta veste, grimaçant presque alors que ton coeur loupe un battement. Tu es incertaine, Zahra, et tu n’aimes pas cela. Tu fixes à nouveau ton regard sur le jeune homme, puis tu te forces à articuler quelque chose pour ne pas laisser la conversation mourir. « De quel panthéon es-tu ? » que tu lui demandes sur un ton un peu tendu, bien peu naturel. Tu as presque envie de disparaître, tant la question t’apparait comme stupide. Tu dois retenir les excuses qui se précipitent sur ta langue, grinçant presque des dents tant tu crispes la mâchoire. Roh, ce que tu peut être bête, parfois, Zahra.

(c) AMIANTE
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Elle hocha la tête. Elle hocha la tête. Il avait eu juste, le bougre. Rai esquissa la naissance d’un sourire soulagé qu’il tenta de mettre six pieds sous terre aussitôt. Il ne devait pas laisser apparaître le moindre signe d’un esprit torturé par une simple interaction sociale. Ce serait s’avouer, lui tout entier, à une inconnue, lui et son ampleur de trop. Alors il baissa la tête un instant pour cacher ce rictus qu’il tâcha de retenir en son for intérieur, et ses mèches noires vinrent à leur tour voiler ce visage dans un léger mouvement. Dans le même instant, il contracta les muscles de sa main gauche, comme pour l’aider à se concentrer, à se reprendre, afin de paraître normal. Ce fut la voix de Zahra, la seconde suivante, qui vint le sortir de ses pensées fusées. « Et tu es … ? » Elle ne semblait pas fâchée, méfiante, farouche à son encontre. Simplement… confuse devant ce camarade étranger qui, sorti de nulle part, connaissait déjà son identité. Rai se sentit immédiatement coupable de ne pas s’être présenté dans la foulée, par pur soucis de manières, d’amabilité, de ne pas être ce mec bizarre-. « Je sais qu’on s’est déjà croisé quelque part, mais je n’arrive pas à me souvenir. J’espère que tu voudras bien m’excuser... » rajouta-t-elle aussi vite. Elle ponctua cela d’un sourire de ceux que l’on fait poliment pour ne pas froisser un demi-Dieu probablement surpuissant de pouvoirs menaçants mais, il lui rendit, franchement, et l’assuma, cette fois-ci, parce qu’elle n’avait pas besoin d’être pardonnée, Zahra, alors, il se devait de la rassurer de sa chaleur envers elle, de son innocence désintéressée dans sa démarche et, et – il pensait trop.

« C’est normal. Rai, Rai Byrde, j’ai dû te distribuer du courrier puisque je suis le… le distributeur du courrier, et… voilà. » ...et il parlait trop, avec ça. Il prononça ce dernier mot dans un autre sourire, un semi-rire étouffant son malaise autant qu’il le soulignait.

Le regard de l’égyptienne quitta celui de Rai. Il eut soudainement cette impression, réalisation de l’accaparer du sien depuis qu’il s’était tourné vers elle, et, coupable, le fit voguer lui aussi, non pas dans le vide mais dans l’herbe autour, comme pour laisser de l’espace à Zahra. Que venait-il de faire ? Aller débusquer une inconnue de sa tranquillité, de sa petite balade, pour quoi ? Pour être moins seul ? Quelle terrible, terrible affaire. Mais le banquet en ces lieux même fut un désastre, n’est-ce p– « De quel panthéon es-tu ? »

Rai leva brusquement ses iris noires vers celles de Zahra. Elle lui parut alors moins accessible ; quelque chose dans la voix semblait forcé. Il regretta d’être sorti de sa chambre.

« Japonais. » répondit-il en faisant de rapides petits hochements de tête. Il ne voulait pas en parler un seul instant de plus. Il refusait de devoir discuter de son paternel, réveiller la plaie qu’il fut dans son enfance, les ennuis qui le poursuivirent ensuite. Il tendit la main droite vers son interlocutrice une seconde pour mimer « toi »  : « Et tu… tu es égyptienne puisque j’ai été dans l’aile où tu vis pour, euh, distribuer ton courrier, et c’est là que j’ai vu ton nom, et qu’on a dû se croiser, enfin, tu l’as déjà compris. » Rai ne pouvait pas la laisser demander qui était son parent divin. Il prit donc les devants pour détourner la conversation, quelque chose qu’on le vit peu faire dans sa vie : « Tu… t’adaptes bien à ici, le château, l’Écosse ?.. » Il ressentit le besoin de se justifier immédiatement. « Ma vie d’avant me manque, beaucoup. » Il l'avoua d'un coup, sans trembler, dans un moment de vérité pure. Les doigts de sa main gauche tapotèrent la poche du jean sur lesquels ils se reposaient, terminant ses paroles.

La réponse était peut-être démesurée, en y réfléchissant mieux.
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Tu ne sais pas trop quoi penser du fait qu’on ait interrompu ta promenade et, par conséquent, tes plans pour la journée. Auparavant, fermée à l’idée de rencontrer de nouvelles personnes comme tu l’étais, tu te serais très certainement vexée et n’aurais pas accordé la moindre attention au jeune homme. Aujourd’hui, cependant, tu ne ressens pas la moindre vexation, tu n’es même pas agacée par le fait qu’il se soit imiscé à tes côtés, brisant cette solitude pas si désagréable que ça. Tu ne lui en veux pas. Et tu es même plutôt ouverte au dialogue. Il a de la chance de ne pas t’avoir trouvé lors de l’un de tes mauvais jours ; tu es plutôt de bonne humeur aujourd’hui, alors le contact (aussi inattendu et surprenant soit-il) n’est pas malvenu. Sourire gêné et mots empreints d’une incertitude dont tu ne sais te défaire, tu fais de ton mieux pour ne pas avoir l’air trop … tu ne sais pas trop quoi ; distante ? Désintéressée ? Aucun mot ne semble vraiment convenir. Tout ça pour dire que tu fais un effort pour t’intéresser à ce nouvel interlocuteur, lui présentant de plates excuses quand tu ne parviens pas à te souvenir du contexte dans lequel tu as déjà vu son visage. « C’est normal. Rai, Rai Byrde, j’ai dû te distribuer du courrier puisque je suis le … le distributeur du courrier, et … voilà … » Tu hoches la tête. À en croire le petit rire qui s’élève de sa gorge doucement, il est aussi gêné que toi ; c’est un petit rire que l’on laisse échapper pour faire retomber la pression, pour cacher l’embarras. Ça te rassure un petit peu, de ne pas être la seule à être mal à l’aise. Tu commences à l’interroger, autant pour te distraire que pour nourrir un petit peu le potentiel de cette nouvelle rencontre.

Et peut-être que tu es trop curieuse, Zahra. Peut-être que tu n’aurais pas dû lui demander de quelle ascendance il est, où se situent ses racines arrachées. Malgré tout, Rai te répond. « Japonais. » qu’il fait en hochant un peu sèchement de la tête. Le ton de sa voix est un petit peu tendu aussi et tu sens que tu as (peut-être) abordé un sujet qui fâche. Oups. Déjà tu regrettes ta question, tu aimerais pouvoir la ravaler et faire comme si tu ne l’avais jamais posé. C’est, cependant, impossible, il te faut donc faire avec. Mordant distraitement l’intérieur de tes joues, tu te promets de ne pas aborder le sujet plus en détails, de laisser le sujet s’effacer de lui-même sans prononcer un mot de plus. « Et tu … tu es égyptienne puisque j’ai été dans l’aile où tu vis pour, euh, distribuer ton courrier, et c’est là que j’ai vu ton nom, et qu’on a dû se croiser, enfin, tu l’as déjà compris. » À nouveau, tu hoches la tête. « C’est ça. » confirmes-tu dans un presque murmure à peine audible. Et la conversation se meurt à nouveau. Et il n’y a rien que tu puisses faire pour changer la chose ; tu es à cours d’idées, tu n’as jamais été particulièrement douée, socialement parlant. Tu as le coeur lourd et les mains moites, tu as déjà essayé, Zahra. Et ça n’a pas été une franche réussite. Peut-être vaut-il mieux que tu ne dises rien et que tu laisses les choses se faire sans intervenir … « Tu … t’adaptes bien à ici, le château, l’Écosse ? … » La question te prend un peu de court. Tu n’as pas vraiment envie d’en parler, tu n’as pas vraiment envie d’y penser. « Ma vie d’avant me manque, beaucoup. » finit-il par admettre dans un élan d’honnêteté palpable. Ça te donne envie d’être honnête, toi aussi.

Mais tu hésites, Zahra. Tu hésites parce que tu as toujours du mal à dire la vérité telle que tu la ressens. Nonchalamment, tu sors tes mains de tes poches et tu viens croiser tes bras sous ta poitrine. Tu es presque sur la défensive, l’incertitude faisant ressortir toutes tes mauvaises habitudes. Coeur se serrant désagréablement dans ta poitrine, mains toujours aussi moites, tu jettes un rapide coup d’oeil en coin au demi-dieu japonais. Tu inspires profondément. Puis tu te lances. « Eh bien, on a pas vraiment le choix … Il faut qu’on s’adapte. » commences-tu maladroiement. Tu te refuses d’avouer ouvertement que tu as du mal, que tu luttes un peu tous les jours pour te faire à cette nouvelle vie. Ce serait avoué que tu es faible, que tu ne parviens pas à lâcher prise de ce passé qui te hante bien trop encore. Ça te laisse un goût amer en bouche. Alors, après avoir marqué une courte pause, tu reprends de ce ton distant, de ce ton qu’ont ceux qui ne veulent rien laisser paraître. « Le camp Amon me manque, c’est sûr … Je ne crois pas que l’Écosse soit faite pour moi. » Aveux à demi-murmuré, faiblesse à moitié prononcée. Tu n’en diras pas plus sur le sujet, parce que tu en es tout bonnement incapable. Gorge nouée par la gêne (la honte de cette terrible faiblesse), tu t’éclaircis celle-ci dans l’espoir d’y faire disparaître cette sensation désagréable. Il te faut te distraire, à présent. Tu ne supportes plus cette inaction. « Eh, que dirais-tu qu’on bouge un peu ? » lui proposes-tu légèrement, sans vraiment savoir ce que tu attends de lui. Peut-être qu’il acceptera, peut-être qu’il refusera. Tu n’en sais rien. « On peut continuer à discuter, si le coeur t’en dit. » insistes-tu sans grande conviction. La peur du rejet pointe encore le bout de son nez, tu fais de ton mieux pour l’ignorer. Tu n’es plus cette enfant livrée à elle-même, constamment seule. Il te faut aller par-delà ces craintes qui te hantent encore, il te faut grandir un peu plus. Tu lui adresses un nouveau sourire que tu espères encourageant. Peut-être que oui, peut-être que non.

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Rai remarqua l’attitude refermée de Zahra après lui avoir posée sa fameuse question. Ce n’était peut-être pas la meilleure à demander, réalisa-t-il. Le déménagement à Kvalir était, par définition, l’arrachage de tout ses habitants demi-divins de leur environnement de vie, de leurs repères familiers, de leur quotidien régulier. C’était un carnage des cœurs. Rai le savait en premier. Son appartement miteux et exigu lui manquait ; tourner dans sa ville américaine au volant du camion de livraison aussi ; et puis, il ne détestait pas le bar de Kvalir, mais les boîtes de nuit du monde des mortels offraient des rencontres plus simplistes que celles d’êtres redoutables surentraînés au maniement d’armes blanches en tout genre. « Eh bien, on a pas vraiment le choix … Il faut qu’on s’adapte. » Il hocha doucement la tête pour confirmer ses dires. Elle avait raison. Il leur fallait s’habituer à cette nouvelle vie. Quel difficile aveu à se faire à soi-même… Elle continua : « Le camp Amon me manque, c’est sûr … Je ne crois pas que l’Écosse soit faite pour moi. » Elle était donc de ceux et celles qui avaient leur place légitime au rang de demi-Dieu.

« c’est sûr. »

Il n’avait jamais aimé le camp Amaterasu. Bien trop d’attentes pesaient sur ses épaules d’adolescent qui devait se montrer digne d’être un fils du dieu tonnerre. Ils voulaient puiser sa colère pour la faire rayonner en de magnifiques orages. Ils n’en firent rien. Ils le brisèrent. Le soir, en s’endormant, l’esprit de Rai vagabondait entre ces souvenirs douloureux, et il avait ce sentiment que de son corps furent versées toutes les larmes du monde pour eux.

Se retrouver dans l’aile japonaise de Kvalir, au milieu de tous ceux qui l’avaient vu hurler de frustration, frapper le sol de rage, et sangloter d’un trop plein d’émotions sur les terrains d’entraînement, le mettait terriblement mal à l’aise. Ceux d’autres ailes – ils et elles ne savaient pas, bien sûr. Alors Rai évitait comme la peste les arènes, les cours, tout ce qui pourrait le faire se retrouver face à l’échec ; et ça – ce comportement d’évitement – lui laissait un terrible arrière-goût d’échec à chaque réveil.

Rai se sentit submergé des émotions que ces souvenirs et réalisations accompagnaient. Il eut une sensation d’inconfort, soudainement, d’une telle chaleur incapacitante.

Mais elle était devant lui – et elle ne devait rien savoir. De toute manière, elle ne paraissait prête à parler non plus. Si elle ne se trouvait pas bien ici, elle n’allait pas dévoiler de gaieté de cœur comment elle avait été déracinée de sa vie d’avant. C’était une tragédie pour tout le monde.

« Eh, que dirais-tu qu’on bouge un peu ? » suggèra-t-elle alors. Un soulagement pour Rai. Lui non plus n’aurait pas à approfondir le sujet qu’il avait lui-même mis sur la table. Idiot.

Il afficha un sourire qui le rassura lui-même, tandis que la voix de Zahra finit de l’extirper de ses propres pensées toxiques : « On peut continuer à discuter, si le coeur t’en dit. ».

« Bien sûr ! » dit Rai. L’enthousiasme de discuter avec une autre âme lui revint. Il balaya les lieux du regard. « Faisons donc le tour de l’étang. » Et ainsi se mit-il en marche après avoir plonger les mains dans ses poches, et ses yeux se mirent à virevolter du point d’eau au sol qui défilait sous ses pieds à l’horizon forestier devant lui. Il ne détestait pas cet endroit. Il lui paraissait tranquille, une bouffée d’air frais, au final.

Rai ne savait plus quoi dire. Que pourrait lier ces deux êtres qu’ils étaient, hormis la traumatisme qui venait avec le statut de demi-dieu ? Alors, il eut une idée.

« Tu sais ce que c’est, le comble pour un facteur ? »
Parce qu’il était un peu un facteur. Puisqu’il distribu – bref. « C’est d’être timbré. »

Il ne regarda pas son interlocutrice. Il avait bien trop honte de ce qu’il venait de dire.

A demi-voix, à travers un petit sourire, il fit : « J’essaye de relativiser ma nouvelle vie, tu vois. » Il mentait. Livrer des colis, c’était son métier. Mais il avait toujours ce besoin de se justifier immédiatement.
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Ce n’est pas que tu n’apprécies pas la compagnie de Rai, c’est juste que tu ne sais jamais vraiment comment t’y prendre avec les autres. Les autres demi-dieux, ceux d’autres panthéons … Tu ne les comprends pas autant qu’ils ne te comprennent pas, tu ignores tout de leurs traditions et de ce qui se fait ou ne se fait pas ; la possibilité de faire un faux pas est beaucoup trop grande (immense, à tes yeux), ainsi la possibilité que tes efforts (et tout juste toi) soient rejetés est bien trop présente. Tu as toujours eu cette peur que l’on ne t’apprécie pas, toujours eu cette terrible crainte d’être invisible et juste non aimée. Tu remercies ta mère pour cela, ta mère et son mari et leur fils qui ont formé une famille parfait sans toi. Alors oui, tu es hésitante, même si Rai ne semble pas être le genre à porter le moindre jugement de valeur comme ça ; tu ne le connais pas, après tout, et les apparences peuvent se réveler trompeuses. Tu fais de ton mieux, cependant, pour ne rien laisser paraître ; tu fais de ton mieux pour faire un pas dans sa direction et ne pas le décevoir. Parce qu’il a l’air sympathique, parce qu’il a l’air de tu ne sais trop quoi et que ça te plait un peu. Tu ne sais pas trop quoi penser de lui pour le moment, mais il a cette manière d’être, cette spontanéité dont tu manques cruellement. Et ça, ça te plait bien. Peut-être que tu te trompes, peut-être que tu as raison ; cela, seul le temps te le dira. Et du temps, tu veux bien lui en donner. Tu le lui offres librement, lui proposant de t’accompagner alors que tu décides de poursuivre ta promenade. Tu lui laisses, bien évidemment, tout le loisir de refuser ton offre. Il serait bien dans son bon droit de dire non, de passer à autre chose ; cela te vexerait certainement, mais il aurait le droit.

Tu attends sa réponse en te donnait l’air de rien ; tu fais celle qui n’est pas pendue à ses lèvres, tu regardes ailleurs. « Bien sûr ! » fait-il avec un enthousiasme que tu penses non feint. Ça te rassure, ça te fait sourire distraitement. « Faisons donc le tour de l’étang. » Il se met en marche et tu lui emboites le pas sans la moindre hésitation. Tu te presses un peu au départ pour rattraper la bien brève avance qu’il a sur toi. Et la conversation arrive dans une impasse, semble-t-il. Tu n’as plus rien à dire, il n’a plus rien à dire. Il y a ce silence un peu gêné entre vous, parce que vous ne vous connaissez pas et que le silence confortable est réservée pour Sanaa et Souleyman. Tu marches en regardant tes pieds, observant l’herbe que tu écrases sans ménagement alors que tu avances. Puis vient la voix de ton nouveau compagnon (potentiel ami). « Tu sais ce que c’est, le comble pour un facteur ? » Tu lui adresses un regard en coin, mi-interloqué, mi curieux. Tu secoues doucement la tête, faisant rebondir tes boucles. « C’est d’être timbré. » Tu n’es pas réellement certaine d’apprécier son humour. Tu n’es pas non plus certaine d’avoir un sens de l’humour particulièrement prononcé, aussi tu te retiens de formuler (intérieurement ou de vive voix) le moindre jugement quant à sa tentative de blague. Malgré tout, tu n’es pas désireuse de le vexer ou de le blesser ; alors tu laisses un petit sourire timide fleurir sur tes lèvres fines. Il ne le voit pas, ce sourire, parce qu’il refuse de te regarder. Cela importe peu, dans le fond. « J’essaye de relativiser ma nouvelle vie, tu vois. » Et grand bien lui en fasse.

Tu n’y parviens pas, toi. Relativiser ta nouvelle vie, prendre du recul sur ta propre situation. Tu aimerais bien, pourtant. Tu envies ce détachement dont peuvent faire preuve Sanaa et Souleyman, tu envies la facilité apparente avec laquelle Rai aborde ce sujet qui te fâche un peu (mais pas trop). Il y a cependant ce nœud dans ta gorge qui t’empêche de parler librement de tout ce que tu ressens, cette peur de décevoir (et d’être rejetée une fois de plus). Quoique tu fasses, quoique tu essaies, tu es bien incapable d’aller au-delà de cela. Et c’est ce qui te fait défaut ; cette incapacité à lâcher prise, cette incapacité à oublier. À te laisser aller et laisser voir cette que tu es vraiment. « Je … euh … » Tu ne sais pas vraiment quoi répondre. Quoi dire. Tout ce que tu veux, c’est ne pas avoir l’air si perdue, si appeurée. Tu déglutis difficilement, ton regard se faisant toujours plus fuyant. « J’aimerais bien faire ça, aussi. Relativiser. » avoues-tu finalement. Tu as presque honte de le faire, mais Rai s’est montré honnête avec toi, jusqu’à présent. Aussi, c’est bien la moindre des choses que de lui retourner une telle politesse. « Je crois que je suis trop attachée au passé. Tellement que j’ai du mal à me projeter à Kvalir. » Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu lui dis tout ça. Tu sais juste que cela te paraît facile et les mots se précipitent hors de ta bouche. Alors, pour une fois, tu ne cherches pas à les retenir. « Je sais pas. Peut-être qu’il me faut plus de temps pour m’adapter. Peut-être que je vais m’y faire, comme tout le monde doit le faire. » Tu hausses nonchalamment des épaules. « Kvalir ne sera jamais ma maison, je pense. Ma maison, ça a toujours été et ça sera toujours le camp Amon. Mais … mais j’aimerais bien m’habituer à Kvalir malgré tout. Tu vois ce que je veux dire ? » Et peut-être qu’il voit. Peut-être qu’il ne voit pas. Tu n’en sais trop rien.

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Zahra ne ria pas, dommage. Même pas un soufflement du nez mécanique que l’on fait pour ne pas vexer son interlocuteur. Peut-être un petit rictus gêné, plus nerveux que franc ; Rai ne le sut pas, ne préféra pas savoir. Cela lui arrivait, de jeter ses mots dans l’air puis de fermer les yeux pour ne pas en subir les conséquences, pour avoir le temps de se préparer à l’impact qui suivait. Des SMS envoyés avant de mettre son téléphone en mode avion, par exemple. Il ne savait pas gérer les relations humaines. Alors, il se débrouillait pour s’adapter, lui et les émotions qui prenaient de la place en son diaphragme. Il choisissait ainsi d’ignorer certaines choses. Il s’en portait bien mieux. Il se trouvait donc en présence du sourire de Schrödinger, et s’il avait pu ne pas s’esquisser, il restait autant de chances qu’il ait vu le jour.

« Je … euh … » tente-t-elle de répondre. Il n’y avait rien à répondre pour une étrangère totale, à vrai dire. Il ne s’attendait donc à rien. Et pourtant, elle continua : « J’aimerais bien faire ça, aussi. Relativiser. » Ces mots interloquèrent Rai, qui jeta un regard vers son acolyte de petite balade, sans la regarder elle, mais plutôt le vide qui s’étendait devant elle. « Je crois que je suis trop attachée au passé. Tellement que j’ai du mal à me projeter à Kvalir. » Elle se livrait à cœur ouvert. Rai écouta d’une oreille attentive, tandis que la pression de trouver trivialités desquelles parler retomba de ses épaules. Il l’avait peut-être faite succomber à l’aveu à coup d’humour pathétique. « Je sais pas. Peut-être qu’il me faut plus de temps pour m’adapter. Peut-être que je vais m’y faire, comme tout le monde doit le faire. » Le jeune homme fronça les sourcils brièvement. C’était une vérité, certes ; difficile pour autant de l’entendre. Il perçut le haussement des épaules qu’elle fit, et c’est là qu’il leva le regard vers son visage.  « Kvalir ne sera jamais ma maison, je pense. Ma maison, ça a toujours été et ça sera toujours le camp Amon. Mais … mais j’aimerais bien m’habituer à Kvalir malgré tout. Tu vois ce que je veux dire ? »

Par où commencer ?

Rai ouvrit la bouche, puis la referma, puis la rouvrit : « Et bien... J-je veux dire... » Il organisa ses pensées en prononçant ces paroles. Il y avait beaucoup à déballer, beaucoup qui pourrait déborder – quelle était la quantité normale d’informations sensibles à donner à une inconnue quant à son passé tragique ? La petite brise lui manqua soudainement. « Oui… Kvalir, je pense qu’une partie de moi veut s’y adapter. Parce ce qu’on n’en sortira pas demain, c’est sûr. Alors, alors il faut se faire une raison, et aller de l’avant...je crois. » Il souffla doucement, comme si déblatérer ces mots lui fut une épreuve. « Et... Je pense que s’approprier les lieux ne signifie pas que ta maison d’avant quitte ton cœur. Tu le retrouveras un jour, le camp d’Amon. Du moins, je te le souhaite fortement. » Il ne parlerait pas de sa maison – quelques mètres carrés insalubres qu’il chérissait pour la paix et solitude qu’ils offraient, et puis pour la vision de visages qui y avaient défilé. Il ne parlerait pas du camp Amaterasu. Zahra et lui ne se remémoraient clairement pas leur camp respectif de la même manière. Il valait mieux se taire et ne pas ternir les souvenirs de la jeune femme pour l’endroit qui l’avait vue grandir. Elle avait le droit d’aimer sa parenté, son fardeau divin, son destin unique. Il se sentait petit à ses côtés. « Et puis, tu n’as pas tout perdu de là-bas. Il doit bien y avoir des gens du camp que tu as retrouvé ici ? Bien sûr, ça ne console pas tout, mais tu n’es pas seule, non ? » Il l’était, lui – mais ce n’était pas la même histoire. Mais sa maison, c'était les gens de son entourage. C'était ses potes chez qui il crashait après les soirées, c'était les lèvres qu'il pouvait embrasser, c'était les bras qui l'enlaçaient. C'était Jesse. Bien sûr. Bien sûr qu'il trouva un chemin dans sa tête. Rai chassa cette pensée d'un froncement de sourcils. Il se trouvait à côté de Zahra, à l'instant T ; et il espérait de tout cœur qu’elle n'était pas aussi paumée que lui.
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Tu en as trop dis. À n’en pas douter, les mots qui se sont précipités hors de ta bouche ont allourdis l’ambiance jusque-là bon enfant. Et tu te maudis intérieurement, Zahra. Tu te fustiges, tu te culpabilises bien plus que n’importe quelle autre réaction de la part du jeune demi-dieu japonais ne pourrait le faire. Tu n’aurais pas dû, Zahra. Et pourtant tu l’as fait malgré tout ; tu as abordé ce sujet qui te fâche tant sans vraiment réfléchir, parce que la chose t’est brutalement apparue comme terriblement facile. Rai n’avait nul besoin de savoir ces pensées qui te hantent, Rai n’avait très certainement pas envie de voir sa compagnie (aussi temporaire soit-elle) s’assombrir si tristement. Tu continues d’avancer sans rien laisser paraître de ton trouble intérieur, évitant soigneusement de croiser le regard de ton interlocuteur. Tu as envie de prendre la fuite, Zahra, de courir te réfugier dans l’aile égyptienne et de n’en sortir que lorsque tu auras oublié cette honte terrible que tu viens de t’infliger. Muscles de la mâchoire crispés pour retenir le moindre son malheureux, regard rivé droit devant toi, tu fais de ton mieux pour te donner l’air de rien. Et peut-être (avec un peu de chance) que Rai se contentera de t’ignorer et de changer de sujet. Peut-être que tu n’as pas (encore) réussi à le faire fuir. Tu n’en sais trop rien, Zahra. Parce que sa réponse tarde à venir. Et quand elle arrive enfin, c’est une réponse hésitante qui n’en est pas vraiment une, de réponse. « Et bien … J-je veux dire … » Ton coeur se serre bien fort dans ta poitrine. Tu te surprends à prier distraitement à ton père que la terre t’engloutisse, que les eaux de l’étang se mettent à sortir de leur lit. Rien ne se passe bien évidemment, tu es seule face à ta honte.

Incertitude terrible qui te fait tourner la tête ; pendant un moment, tu hésites à présenter tes excuses et à lui intimer d’oublier tout ce que tu avais pu dire. N’importe quoi pour faire disparaître ce malaise entre vous, n’importe quoi pour reprendre le chemin d’une insouciance feinte. Mais voilà que, alors que tu entr’ouvres timidement la bouche, le jeune homme te devance. « Oui … Kvalir, je pense qu’une partie de moi veut s’y adapter. Parce qu’on n’en sortira pas demain, c’est sûr. Alors, alors il faut se faire une raison, et aller de l’avant … je crois. » Des paroles bien sages qui s’élèvent de ton interlocuteur, tu le reconnais sans mal. Tu hoches à nouveau de la tête, plongée dans un silence que tu n’as guère envie de briser pour l’instant. « Et … Je pense que s’approprier les lieux ne signifie pas que ta maison d’avant quitte ton coeur. Tu le retrouveras un jour, le camp Amon. Du moins, je te le souhaite fortement. » Ton coeur se serre à nouveau, tu réprimes difficilement cette envie de verser une larme (ou deux). Mâchoire toujours un peu crispée, regard un peu trop humide, tu fais de ton mieux pour rester digne et contenue. Ce n’est pas une chose aisée ; et dire que tu voulais juste te balader autour de l’étang, dire que tu voulais juste être tranquille en cette fin de matinée « Et puis, tu n’as pas tout perdu de là-bas. Il doit bien avoir des gens du camp que tu as retrouvé ici ? Bien sûr, ça ne console pas tout, mais tu n’es pas seule, non ? » Et il a raison, dans le fond, Rai. Tu restes un moment silencieuse, pensive.

Puis finalement, la gêne se dissipe d’elle-même. Un sourire un peu plus sincère vient éclore sur tes lèvres. « Tu as raison. » admets-tu doucement, appaisée. La balade se poursuit. « J’ai toujours Sanaa et Souleyman, je devrais m’en estimer heureuse. » que tu poursuis distraitement, sans vraiment réfléchir. Puis tu précises. « Ce sont mes deux meilleurs amis. J’ai rencontré Sanaa quand je suis arrivée au camp. Et quelques années plus tard, Souleyman. » Tu ne rentres pas dans les détails, tu expliques succintement pour que Rai comprenne un peu. Sourire d’un douceur incommensurable sur tes lippes, lueur attendrie au fond de ton regard sombre, tu te détends peu à peu. « Et toi, Rai ? As-tu des amis qui sont venus à Kvalir ? T’es-tu fait des amis en arrivant ici ? » que tu lui demandes ensuite, ne pouvant totalement ignorer ta curiosité à son égard. Le sujet semble assez safe, songes-tu. Tu ne penses pas que la chose puisse fâcher. « J’ai un peu de mal à faire de nouvelles rencontres ici. Mais ça, c’est pas nouveau. » Tu lui adresses un regard chaleureux, un sourire emplit d’humour et de bonne volonté. Plaisanterie tentative, un peu maladroite, mais tu espères qu’elle aura l’effet escompté ; c’est-à-dire détendre un peu cette atmosphère un peu tendue.

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La situation paraissait tendue. Rai vit son interlocutrice, en dirigeant son regard vers elle, quelque peu crispée. Il détourna vite ses yeux autre part pour qu’elle ne se sente pas sous la pression de deux pupilles accrochées à ses lèvres ; par pudeur, vraiment. Et après avoir tenté d’apporter un sujet plus doux – parce que les amis, les amours, sont matière à tendresse dans la voix – elle se mua dans le silence quelques secondes qui parurent une éternité au fils de Raijin. La tension électrique que produisait sa compagne de marche autour d’étang – puisque chaque être, chaque objet, était fait d’électricité, et qu’il le ressentait légèrement comme on sent une petite présence à ses côtés – l’empêchait de se perdre corps et âme dans ses propres pensées, d’oublier la probable bourde qu’il aurait pu faire. Chaque pas qu’il faisait vers elle, il le faisait en se jetant et espérant ne pas tomber dans le vide. La chute semblait prendre plus de temps que prévu. Et puis, Zahra reprit la parole : « Tu as raison. » trois mots prononcé si faiblement, dans lesquels ont devinait le sourire duquel ils venaient. Rai put respirer à nouveau. Et l’enthousiasme lui revint aussi. « J’ai toujours Sanaa et Souleyman, je devrais m’en estimer heureuse. » Ah? Intéressé par les détails de cette information, il tourna son regard vers l’égyptienne pour découvrir son expression plus apaisé. « Ce sont mes deux meilleurs amis. J’ai rencontré Sanaa quand je suis arrivée au camp. Et quelques années plus tard, Souleyman. » Rai fut heureux d’apprendre cela. De plus, elle avait cette tendresse que l’on pouvait sentir dans ses quelques explications. Elle devait tant tenir à eux. Trouver un meilleur ami avec qui l’on partage le parcours demi-divin et avec qui survivre et évoluer au camp, c’était une aubaine ; deux ? Un miracle. Elle le méritait sûrement, se dit Rai. Jusqu’ici, elle ne paraissait pas méchante, ne l’avait pas rejeté, avait accepté la discussion, et même ouvert son cœur au jeune homme qu’elle ne connaissait pas pendant un instant. Alors, bien sûr il était naïf, mais pour le moment, elle demeurait à ses yeux une bonne personne ; celles de qui l’on peut dire qu'elles méritent une épaule où se reposer, des bras pour les consoler, et des rires à gorge déployée pour enchanter leurs oreilles. Et, tandis qu’il la sentit se détendre au fur et à mesure qu’elle parlait, il appréciait un peu plus sa compagnie – jusqu’à, évidemment, la question fatidique qu’elle se devait de poser : « Et toi, Rai ? As-tu des amis qui sont venus à Kvalir ? T’es-tu fait des amis en arrivant ici ? » Rai détourna les yeux vers l’étang soudainement. L’interrogation sonnait comme un crissement de pneu à ses tympans. Mais, c’était logique, après tout : il l’avait lancée sur le sujet, elle lui rendait la pareille. Il se prépara, se demandant ce qu’il devait répondre, toute la vérité, ou une réponse épurée, vide de véritable information, une de ces réponses toute faite. « J’ai un peu de mal à faire de nouvelles rencontres ici. Mais ça, c’est pas nouveau. » Leurs regards se rejoignent alors, et elle sourit, pour de vrai. Quelque peu poli mais principalement franc, il lui rend ce sourire. Il ne veut pas non plus en afficher un jusqu’aux oreilles comme pour se moquer de sa difficulté à aller vers les gens, juste compatir et partager en silence ce point commun qu’ils peuvent se targuer d’avoir l’un l’autre. « A qui le dis-tu ! » s’exclame-t-il doucement. Un petit rire quitte sa gorge pour ponctuer ses dires. « A vrai dire… Je vis un peu dans le déni de Kvalir, alors je n’essaye pas de m’intégrer. Mais, dernièrement, j’ai compris qu’il fallait que je le fasse. Faire le premier pas vers les autres. Je ne peux pas survivre seul, je veux dire, je connais bien d’anciens élèves du camp Amaterasu, mais… Je ne me sens pas trop à ma place parmi eux, alors je les évite. Enfin… Je ne me sens pas non plus à ma place entre tous les enfants divins de la terre réunis. » Un léger rire de plus, pour souligner combien il les trouvait différents de lui. « Bref, tout ça pour dire qu’il va falloir que je me fonde dans la masse, au bout d’un moment. Je me suis dit, pourquoi pas commencer avec les visages que je reconnais. Et tu étais là. Et maintenant… On est ici. » Il sourit simplement et fit un geste de la main pour pointer leur position autour de l’étang. « Donc, je te comprends. » Il adressa à Zahra un regard plein de compassion en hochant doucement la tête. Elle n’était peut-être pas seule ici, mais ils paraissaient être tout deux des bras cassés des rencontres amicales ; il se sentait à l’aise de lui expliquer tout ceci, en passant les détails, bien sûr.
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Tu ne sais pas encore trop quoi penser de Rai ; rien de surprenant à cela, en soit, puisque cela ne fait que quelques minutes que tu as commencé à converser avec lui. Tu crois voir en lui une personne honnête, franche et c’est quelque chose que tu apprécies, qui te rend d’autant plus curieuse à son sujet. Tu as envie d’apprendre à le connaître, de le laisser s’approcher de toi et de voir où cela pourrait te mener, où cela pourrait vous mener. Tu imagines une potentielle amitié, une de ces amitiés où la vérité prime sur tout le reste, où il n’y a pas de place pour les non-dits et les hésitations. Une amitié beaucoup moins intime que celle que tu partages avec Sanaa et Souleyman, certes, mais cela serait une amitié malgré tout. Tu imagines, oh ça oui. Mais si cela s’avère vrai, seul le temps le dira. Peut-être. Tu t’extirpes de tes pensées sans la moindre difficulté, poursuivant cette conversation un peu raide avec le jeune japonais ; la conversation manque de fluidité parce que vous êtes tous deux toujours un peu incertains, parce que vous ne vous connaissez pas suffisamment pour savoir les sujets à éviter, les sujets à privilégier. Tu ne penses pas faire une bourde en l’interrogeant sur son horizon amical ; a-t-il des amis ? S’en est-il fait en arrivant ici ? Ça te semble même être un sujet un peu banal, banal mais pas dangereux. Tu prends même le temps d’adoucir ta curiosité avec une toute petite plaisanterie pas si drôle que ça. « À qui le dis-tu ! » Tu es assez fière du rire qu’il laisse échapper pour ponctuer la fin de sa phrase, tu es assez soulagée de voir qu’il ne prend pas la mouche et semble enclin à poursuivre votre petite promenade.

Tu songes distraitement que Rai semble être un chic type. Et qu’un chic type comme lui doit bien avoir quelques amis, tout aussi sympathiques que lui. Tu en mettrais presque que ta main à couper. Il est sympathique, Rai. Il a l’air gentil. Alors, quand il te répond, tu t’attends à ce qu’il cite un ou deux noms (de son propre panthéon ou non) comme tu l’as fait. « À vrai dire … Je vis un peu dans le déni de Kvalir, alors je n’essaye pas de m’intégrer. Mais, dernièrement, j’ai compris qu’il fallait que je le fasse. Faire le premier pas vers les autres. Je ne peux pas survivre seul, je veux dire, je connais bien d’anciens élèves au camp Amaterasu, mais …. Je ne me sens pas trop à ma place parmi eux, alors je les évite. Enfin … Je ne me sens pas non plus à ma place entre tous les enfants divins de la terre réunis. » Il rit à nouveau, tu ne te joins pas à lui. Ce qu’il vient de te révéler, tu ne le comprends pas vraiment. Dès que tu es arrivée au camp Amon, tu n’as jamais douté que c’était là l’endroit auquel tu appartenais ; le monde des demi-dieux a toujours été plus tien que le monde des mortels. Merci maman qui n’a jamais voulu de toi, merci à son mari qui a toujours fait de son mieux pour ignorer ton existence. Et au milieu de tes pairs, tu t’es toujours sentie comme un petit poisson dans l’eau ; revendiquée par ton divin père peu de temps après ton arrivée, dons qui forcent autant le respect que l’admiration, tu as toujours été considérée comme tes camarade. Demi-déesse. Digne fille de ton père qui a été le seul à ne jamais avoir honte de toi (enfin, tu penses). Tu ne comprends pas vraiment les réticences de Rai. Mais ce n’est pas grave ; parce que tu ne le juges pas, tu acceptes ce qu’il te dit en hummant doucement.

Sa voix résonne à nouveau à tes oreilles. « Bref, tout ça pour dire qu’il va falloir que je me fonde dans la masse, au bout d’un moment. Je me suis dit, pourquoi pas commencer avec les visages que je reconnais. Et tu étais là. Et maintenant … On est ici. » Il te sourit, tu gardes ton sourire avenant et chaleureux. « Donc, je te comprends. » Il hoche un peu de la tête. Tu aimerais pouvoir dire que tu le comprends, mais ce serait mentir. Alors tu ne dis rien, mieux vaut le silence plutôt qu’un vilain mensonge. Cela ne t’empêche pas cependant de l’accepter comme il se présente à toi. Tu restes un moment silencieuse, toujours souriante. Puis tu reprends, sans vraiment réfléchir. « T’aimes pas beaucoup ton parent divin, hein …? » que tu lui demandes stupidement. Puis tu secoues brusquement la tête, te précipitant pour prendre à nouveau la parole. « Désolée. Je sais que c’est pas un sujet évident pour tout le monde. C’est juste, avec ce que tu as dit … On dirait … » Tu te mords la langue, t’interrompant quelques secondes. « Ce que je veux dire, c’est … uh … Ton parent divin te définit pas, hein. T’as le droit de pas l’apprécier, t’as le droit de … vouloir plus que cette existence de demi-dieu. » Et tu n’es franchement pas sûre d’avoir visé juste, Zahra. Peut-être que tu te trompes sur toute la ligne … C’est juste ainsi que tu ressens la chose. « Je comprends, d’une certaine manière, ce que tu ressens. J’imagine pas ma vie ailleurs que parmi les demi-dieux ; j’ai vite compris que j’avais pas ma place dans le monde des mortels. Depuis que je suis née, j’ai jamais eu ma place là-bas. » avoues-tu rapidement. « Mon père, c’est … » le seul qui m’a jamais revendiquée, qui n’a pas eu honte d’avouer son lien avec moi. Tu cherches tes mots un long moment avant de reprendre. « Mon père, c’est le seul qui a jamais fait un geste dans ma direction. C’était pas grand-chose, vraiment. Mais vraiment, c’est le seul qui a fait ça. » Et peut-être es-tu un peu trop naïve et sensible pour t’attacher à cette distante figure paternelle. Peut-être es-tu désespérée. Tu refuses d’examiner ces sentiments qui brûlent en toi. Tu t’éclaircis la gorge. « Pardon. Je parle trop. Tout ce que je voulais dire c’est que je comprends. Au moins un tout petit peu. » Tu restes silencieuse quelques instants, puis tu tournes la tête vraiment dans la direction du demi-dieu. « En tout cas, je suis contente que tu sois venue me voir. C’est chouette de parler avec toi. J’espère que … uh, je ne t’ai pas fait regretter ta décision. » Et tu grimaces un tout petit peu.

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Zahra demeura un instant silencieuse, mais Rai aperçut un sourire sur ses lèvres. Il ne se souciait plus de rien. Il avait réussi à en dévoiler assez pour paraître accessible et créer un lien sans être excessif dans ses révélations jusqu’à instaurer un nouveau malaise dans la conversation. Ainsi poursuivit-il son chemin, content de lui-même. « T’aimes pas beaucoup ton parent divin, hein …? » le réveilla alors la voix de son acolyte du jour. Aïe. Ça faisait mal. Le demi-dieu pencha la tête à gauche en esquissant un rictus du même côté, comme un réflexe nerveux à une question très bien posée. Était-ce aussi voyant, évident aux yeux des autres ? Il ouvrit la bouche pour prononcer quelque chose du genre, mais elle enchaîna alors : « Désolée. Je sais que c’est pas un sujet évident pour tout le monde. C’est juste, avec ce que tu as dit … On dirait … » C’était donc aussi évident. Il regrettait amèrement ses précédentes paroles, bien trop précises sur sa situation. Il ne lui en voulait pas, premièrement. C’était sa propre faute, après tout. Ce n’empêchait pas une montée d’anxiété de le prendre aux poumons. « Ce que je veux dire, c’est … uh … Ton parent divin te définit pas, hein. T’as le droit de pas l’apprécier, t’as le droit de … vouloir plus que cette existence de demi-dieu. » Zahra réussissait à bien se rattraper malgré tout. De sages paroles. Elles parvinrent à l’apaiser, à lui faire réaliser que la discussion n’avait pas pris un tournant si dramatique que ça. Et il était vrai : Rai en avait le droit, et il se l’accordait allègrement, ce droit. « Je comprends, d’une certaine manière, ce que tu ressens. J’imagine pas ma vie ailleurs que parmi les demi-dieux ; j’ai vite compris que j’avais pas ma place dans le monde des mortels. Depuis que je suis née, j’ai jamais eu ma place là-bas. » Comprenait-elle alors vraiment ? Peu importait. Leurs expériences étaient totalement opposées, c’était ainsi, et avoir un peu d’empathie pour quelqu’un ayant vécu quelque chose de différent que soi n’était pas un crime. « Mon père, c’est … » Il tourna le regard vers elle. Elle réfléchissait à quels mots utiliser. Parler d’un parent, d’autant plus d’un que l’on connaît si peu, était une tâche délicate. Il était donc curieux de ce qu’elle ressentait, elle, par rapport à ce père qui n’avait pas dû lui adresser la parole tant que ça, imaginait-il. Il lui laissa le temps dont elle avait besoin pour trouver le bon phrasé. « Mon père, c’est le seul qui a jamais fait un geste dans ma direction. C’était pas grand-chose, vraiment. Mais vraiment, c’est le seul qui a fait ça. » Quelle vie avait-elle eu ? Le cœur de Rai se serra un peu dans sa poitrine à l’idée qu’une reconnaissance divine soit l’acte le plus clément et chaleureux qu’on ait pu lui faire. En cet instant, il fut soulagé qu’elle ait deux meilleurs amis pour la soutenir. Il ne lui poserait pas de questions sur son passé : sujet sensible, comprit-il. « Pardon. Je parle trop. Tout ce que je voulais dire c’est que je comprends. Au moins un tout petit peu. » Il secoua la tête doucement lorsqu’elle s’excuse, puis lui adressa un sourire, comme pour dire, merci de faire de ton mieux.

Rai eut tant de choses à dire, en cet instant. Il ne voulait pas être silencieux. Il voulait lui expliquer du début jusqu’à la fin toute la haine, la rage, la rancœur qui lui tordait l’estomac ; il voulait lui parler de la douceur de sa mère, de l’absence édifiante du géniteur ; il voulait lui raconter la tourmente du camp Amaterasu, des attentes qui lui pesaient à lui, un simple gamin, et puis la chaleur des bars dansants à San Francisco, des inconnus au comptoir, de Jess– encore ? Toujours. Il voulait, il en avait besoin, de se livrer à cœur ouvert. Peut-être devrait-il voir un des psychologues du château, même. Mais il était à côté de Zahra, et il ne pouvait tout lui jeter à la figure, d’un coup, pour purger sa douleur, et qu’elle se régénère dans la nuit. Elle le coupa dans ses pensées. « En tout cas, je suis contente que tu sois venue me voir. C’est chouette de parler avec toi. J’espère que … uh, je ne t’ai pas fait regretter ta décision. » Il lui fit un denier sourire, alors qu’elle afficha une minuscule grimace. Rai devait transpirer l’anxiété et le tumulte d’émotions. Il était persuadé de ne pas savoir mentir, bluffer, cacher ce qui se passait dans sa tête. De toute manière, il n’avait pas la capacité de concentration nécessaire pour le faire en cet instant, secoué par la question de la jeune femme. Mais il fallait répondre, maintenant, Rai. « Non, c’est juste... » Il voulut exploser. « Mon ascendance divine est… un… sujet compliqué. Disons que non, très clairement, je déteste mon paternel, le fait qu’il m’ait engendré, et puis envoyé dans un camp quasiment militaire, pour me forger une âme de héros que je n’aurais jamais, et qu’une fois que je suis sorti de ce cycle infernal pour apprécier une vie misérable d’humain normal, on me ramène à la case départ pour me rappeler tous les jours combien je ne suis rien, rien, rien qu’un raté qui distribue du courrier ! »

Il s’arrêta dans son chemin. Son poing gauche était serré, et de minuscules étincelles d’électricité s’en échappaient. Sous le coup des émotions, elles apparaissaient mais n'étaient jamais plus dangereuses que cela. Il secoua son bras, puis plongea son visage dans ses mains une seconde, avant de le découvrir et souffler un coup. Il reprit alors sa marche. Oups.  « Bon, après, j’aime distribuer le courrier. » susurra-t-il doucement. Quelle erreur. Il ouvrit la bouche pour parler, ne trouva pas comment formuler les bonnes excuses. D’un ton quelque peu monotone, il dit alors : « Désolé. Ce n’est pas de ta faute. Je suis juste... comme ça. » Elles sonnaient familières, ces trois phrases. Combien de fois les avait-il répétées, à combien de personnes différentes ? Il reproduisait le même schéma encore et encore. En quelques minutes, il était passé d’un amical inconnu à l’échec amer de service. Elle ne méritait pas ça, Zahra, mais voilà, ils étaient peut-être trop différents. Plus posé, il reprit : « Je… Au moins, c’est passé, tu sais. Tu avoueras que c’est un peu difficile à cacher dans le château officiel des demi-dieux, comme information. Mais… Je suis content que tu ne vois pas les choses du même œil que moi. C’est mieux pour vivre avec soi-même. Et puis, j’espère ne pas te faire regretter de...parler avec...moi. » Il rit une demi-seconde. « Tu vois, ce n'est pas toi qui parle trop ! » Il eut envie de hurler tout son embarras, tandis que les émotions qui picotaient son épiderme au visage redescendaient lentement.
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we're going to be legends
Tu parles trop, Zahra, tu n’en doutes pas une seule seconde ; mais voilà, il n’y a rien que tu puisses faire pour empêcher la chose. Les mots se précipitent sur ta langue, roulent sur celle-ci pour ensuite tomber par-delà tes lippes mordues par l’anxiété. La discussion s’en va sur un terrain quelque peu incertain, sur une pente qui peut s’avérer bien plus glissante que ce qu’elle en a l’air. Tu fais de ton mieux pour ralentir la chute potentielle, tu fais de ton mieux pour adoucir cette amertume qui peut ressurgir à n’importe quel moment. Tu agis comme l’adulte mature et mesurée que tu es, faisant de ton mieux pour rassurer ton compagnon du moment. Tu espères que cela suffira, que Rai ne s’offensera pas de ta franchise toute temporaire. Tu crains toujours que ton honnêteté soit mal reçue, tu crains toujours que ces quelques éclats de franchise (aussi rares soient-ils) soient mal interprétés, que l’on te tienne rigueur de ces pensées qui t’habitent et que tu exprimes tant bien que mal. En l’occurence, Rai serait totalement légitime dans son mécontentement, Rai serait dans son bon droit de couper court à cette jeune conversation, à cette amitié probablement naissante. « Non, c’est juste … » Tu imagines qu’il doit avoir la gorge un peu nouée, que le sujet de son parent divin doit le rendre quelque peu nerveux. Et tu t’en veux d’avoir éveillé en lui quelque chose de si sombre, de si peu agréable. Tu aurais tant aimé pouvoir ravaler tes mots, remonter le temps et prendre un différent embranchement. Il est trop tard, cependant. Tu ne peux rien faire d’autre que de l’écouter et d’assumer pleinement ce que tu viens de dire. « Mon ascendance divine est … un … sujet compliqué. Disons que non, très clairement, je déteste mon paternel, le fait qu’il m’ait engendré, et puis envoyé dans un camp quasiment militaire, pour me forger une âme de héros que je n’aurais jamais, et qu’une fois que je suis sorti de ce cycle infernal pour apprécier une vie misérable d’humain normal, on me ramène à la case départ pour me rappeler tous les jours combien je ne suis rien, rien, rien qu’un raté qui distribue du courrier ! »

Et tu sens toute l’amertume qu’il porte en lui. Tu la ressens et tu comprends. Ça te rappelle tristement ta situation avec ta mère ; son rejet de ton existence dans son entièreté, son incapacité à t’aimer, son désir flagrant de se débarrasser de toi. Et tu es triste, Zahra. Un peu pour toi, mais surtout pour lui. Ton coeur se serre pour lui, alors que tu réfléchis à comment répondre à ce qu’il vient de te dévoiler. Le voilà qui s’arrête. Tu ne t’attendais pas à cela et il te faut un petit temps pour t’arrêter d’avancer aussi ; tu te tournes vers lui, l’observant sans rien dire. « Bon, après, j’aime distribuer le courrier. » Et sa remarque t’arrache l’ombre d’un sourire, te fait te détendre légèrement. Puis il reprend assez rapidement. « Désolé. Ce n’est pas de ta faute. Je suis juste … comme ça. » Tu secoues doucement la tête. « Ce n’est rien, ne t’en fais pas. » Car vraiment, ce n’est rien. Tu comprends sans mal son désarroi et son amertume, son ressentiment et sa colère. Tu comprends parce que tu ressens tout cela à l’égard de ta génitrice. Parce que tu lui en veux toujours un peu, parce que tu n’es pas sûre de pouvoir lui pardonner un jour son total désamour. Il est plus facile de vivre avec à présent, maintenant que tu es entourée de tes compatriotes semi-divins, que tu es parmi les tiens. « Je … Au moins, c’est passé, tu sais. Tu avoueras que c’est un peu difficile à cacher dans le château officiel des demi-dieux, comme information. Mais … Je suis content que tu ne voies pas les choses du même œil que moi. C’est mieux pour vivre avec soi-même. Et puis, j’espère ne pas t’avoir fait regretter de … parler avec … moi. » Tu secoues à nouveau la tête pour le rassurer. « Tu vois, ce n’est pas toi qui parle trop ! » Sourire superficiel de circonstance bien en place, tu croises les bras sous ta poitrine. « Ne t’en fais pas. » que tu répètes doucement.

Tu te remets en marche lentement, lui laissant le temps de t’emboiter le pas. Tu prends le temps de chercher tes mots, de construire les phrases dans ta tête avant de prendre à nouveau la parole. « Ma mère ne m’a jamais aimée. Je n’étais pas une enfant désirée ; elle a fait un déni de grossesse et n’a pas eu le temps de se préparer à mon arrivée et … je te passe les détails, mais ça n’a pas été facile. Ni pour elle, ni pour moi. Je suis partie quand j’avais neuf ans ; elle avait construit une toute nouvelle famille dont je n’ai jamais fait partie et … c’en était trop. » C’en était trop. Tu ne supportais pas de la voir être heureuse sans toi, de la voir vivre sa vie sans toi alors que tu avais tant besoin d’elle. Réaction plus qu’égoïste d’une gamine laissée à la dérive. Alors tu t’en es allée ; loin d’elle, loin de tout ce qui te rendait si malheureuse. Alors oui, tu as laissé tomber. « Le camp Amon m’a sauvée. C’est comme ça que je le vois, que je le ressens. » avoues-tu sans grandes difficultés. Ainsi est ta vérité, tout simplement. « Malgré tout ça, je pense être assez ouverte d’esprit pour accepter et comprendre que ce n’est pas le cas pour tout le monde ; on a pas tous le même vécu, les mêmes expériences. Et c’est ainsi qu’est faite la vie, tout simplement. » Tu marques une courte pause, le laissant s’imprégner de tes mots. « Tu as le droit d’avoir ton avis, comme j’ai le droit d’avoir le mien. Et ça ne rend pas notre conversation moins agréable, ne t’en fais pas. Je suis d’avis que nos différences nous rendent complémentaires. » Petit sourire qui se veut rassurant et complice. « Tout ça pour dire que … tout va bien. T’as pas besoin de faire semblant. Tout du moins avec moi. Je ne te jugerai pas sur ça. » Tu te tournes une fois de plus vers lui, te voulant enthousiaste et avenante. « Je suis vraiment contente que tu sois venu me trouver ! Ça fait du bien de voir un nouveau visage … ! » t’empresses-tu de le rassurer ensuite. « Qui sait … Peut-être qu’on finira par devenir amis … » suggères-tu distraitement, continuant d’avancer lentement autour de l’étang.

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