INTRIGUE N°1

Si la première réunion du Conseil Divin s’était déroulée dans une ambiance électrique, chargée de colère et d’incompréhension, la seconde s’étend dans un silence de plomb qu’aucun des Dieux n’ose vraiment briser. Tous se regardent en chien de faïence. Ou tout du moins, tous fixent les représentants du panthéon égyptien de cet air sombre et incertain. Finalement, au bout de quelques longues minutes, c’est Khonsou, Dieu de la nuit et personnification de la juste vengeance, qui s’élève de son siège pour laisser sa voix tonitruante résonner aux oreilles de tous. « Nous désirons que de tels actes soient punis. Sévèrement. » Maât, assise à ses côtés, acquiesce sombrement, les traits tirés par la colère. Elle ne dit rien, mais il est clair qu’elle n’en pense pas moins. Khonsou poursuit dans sa tirade furieuse. « Nous ne pouvons laisser de tels actes impunis ! Le saccage de nos temples est tout bonnement inadmissible ! » Un murmure parcourt l’assemblée, tous ont soudainement le regard fuyant. Et alors que le Dieu allait approfondir le fond de sa pensée, c’est la sage Athéna qui prend froidement la parole. « Nous sommes tous ici d’accord pour affirmer qu’un tel acte ne restera pas impuni. Cependant nous devons agir avec prudence. Et intelligemment. » Sa voix glaciale et son regard perçant semblent apaiser les ardeurs du revanchard, qui se laisse lourdement tomber sur son siège. Athéna poursuit, l’air grave. « Nous avons tous une idée de qui est le responsable d’un tel irrespect … Cependant, nous n’avons aucune preuve tangible. Nous précipiter sur un châtiment sans avoir la moindre certitude ne nous donnerait guère une bonne image … Il nous faut attendre. » Khonsou semble prêt à s’insurger à nous, cependant Horus lève une main royale. « Athéna a raison. » fait-il d’une voix posée, toujours calme et ce, même dans sa colère. « Néanmoins, nous exigeons malgré tout que la chose ne soit pas oubliée. » Tous hochent de la tête, certains plus convaincus que les autres. Rien ne peut être décidé aujourd’hui, mais personne n’oubliera.


La nouvelle a rapidement fait le tour de Kvalir ; l’attaque du site de Karnak, un vaste complexe religieux de l’Ancienne Égypte contenant plusieurs temples, a fait la une des informations mortelles. Pour le moment, l’attaque n’a été revendiquée par personne, selon la présentatrice du journal. Les demi-dieux égyptiens ne savent comment prendre la nouvelle ; certains sont en colère, quelques autres restent silencieux, mais observent le monde qui les entoure d’un œil méfiant et accusateur … Et pour cause, tous les demi-dieux du châteaux ont fait le même rêve étrange la nuit dernière ; Mortharg leur parlait sombrement de ses projets d’avenir, leur proposant de se joindre à lui. Et s’ils sont nombreux à crier haut et fort qu’ils ne rejoindraient jamais le camp du maudit … Eh bien, personne ne peut en être certain. Personne ne peut savoir qui est prêt à devenir un paria aux yeux des Dieux et de leurs rejetons semi-divins. Tout le monde est sur les nerfs, aussi le Directeur de Kvalir a pris la décision d’intervenir. Après avoir réuni le conseil de Kvalir afin de décider de ce qui allait suivre, le centaure a convié le reste des demi-dieux et créatures dans la grande salle aménagée pour l’occasion ; les longues tables sont restées pour que tous puissent s’y installer durant les délibérations prochaines. Une fois que tout le monde a pris place, le Directeur prend la parole. « Je ne tournerai pas autour du pôt, vous savez tous pourquoi vous êtes rassemblés ici aujourd’hui. » Sa voix est sombre, son regard sonde l’assemblée. « Je vous demanderai à tous d’être sur vos gardes ; il est fort probable que des traîtres se trouvent parmi nous. Si vous avez des suspicions ou des doutes sur quelqu’un, je vous prierai de vous rapprocher des conseillers … Ces derniers rapporteront vos dires au Conseil et ils seront discutés et analisés. » L'homme poursuit son petit discours, intimant tout le monde à la plus grande des prudences. Puis, il s’en va, laissant les demi-dieux et créatures encore sous le choc. Déjà, des murmures incrédules s’élèvent.